Une comédie musicale se déroulant dans un futur dystopique où le disco-fascisme règne, comédie musicale qui est en fait une allégorie/adaptation de la bible. Ah oui, on ne déconne pas, hein.
Et en plus, les organisateurs ont pris la peine de faire mode karaoké pour le film, avec les paroles des chansons qui s'affichent en rythme. Un peu dommage néanmoins d'avoir mis le film en dernier, quand la salle s'est un peu vidée et que ceux qui restent n'ont plus trop l'énergie de brailler à pleins poumons : le public n'a guère chanté.
On a donc un jeune couple (Adam et Eve), chanteurs de folk, qui participe à un concours de chansons, qu'ils perdent à cause de la perfidie des organisateurs. Satan, le producteur les plus célèbre du monde, approche le couple et réussit à recruter Eve dans son groupe star : BIM Stars. Adam déprime mais retrouvera la voie.
On sent le pognon dans ce film qui fut un four commercial et critique et dont l'échec marquera définitivement le réalisateur qui ensuite jeta toute ambition artistique au placard, pognon qui se retrouve donc avec ses nombreux figurants, ses costumes nombreux et bien foutus (mais avec certains choix très datés), ses décors (passons sur les véhicules cheap). Anecdote amusante : des vinyles de la BO du film étaient distribués aux spectateurs du film lors des avant-premières, mais les producteurs ont rapidement arrêté cette opération publicitaire car les spectateurs s'en servaient comme frisbee dans les salles.
Pognon qui malheureusement dû faire défaut au parolier, qui compose 40s de texte là où les chansons font 4 minutes, d'où des répétitions très, très nombreuses des refrains. De plus, les deux acteurs principaux chantent franchement faux, et c'est fort douloureux à écouter.
Un film très intéressant, car montrant bien la limite fine entre le sublime et le raté. Ca louche très fort du côté Phantom of the Paradise, mais c'est bien raté. Par exemple, la scène très drôle de La Cité de la Peur où Gérard Darmon sort la même phrase creuse dans toutes les langues aux journalistes du monde entier, il y a la même ici dans le film, censé montrer la toute puissance de Satan.
Puis bon, ce côté religieux grossier comme un danseur de claquettes en sabots... on sent que Menahem Golan n'a pas encore tranché sur certaines choses, notamment le sexe. Quand la gentille couche avec un des méchants, elle est souillée et tombe dans le mal. Par contre, quand le gentil couche avec une des méchantes (Marie-Madeleine), lui reste pur et c'est elle qui est sauvée. Remarque, la fille, Eve, on s'inquiète de ses espérances de survie quand même avec sa propension à suivre spontanément les indications de n'importe quel individu (chanteur célèbre, mais aussi clodo dans la rue). D'ailleurs, dans ce futur dystopique, il y a forcément des résistants : LES HIPPIES (présentés comme des "réfugiés des années 60").
M'enfin bref, vision religieuse qui trouvera son apogée dans la fin WTF, véritable *deus ex machina*, fin tellement WTF qu'elle sera coupée dans la version française (le film passant de la VF à la VOST à ce moment-là), fin qui est censé nous amener dans un monde meilleur mais qui a l'air assez rebutant.
Et puis bon, sortir en 1980 un film sur un disco totalitaire alors que celui-ci est déjà mort en vrai à cette époque...
Bref, une sacrée perle que ce film.