Du bon et du moins bon

Alors, Andrea Arnold est une réalisatrice dont on me parle et qui m'intéresse beaucoup. Effectivement un de mes cinéastes favori est Larry Clark, son objet d'étude de prédilection est la vie de jeunes souvent pauvre dans différentes situations. Arnold s'inscrit aussi dans cet élan artistique, s'intéresse aux mêmes choses.

Néanmoins cette filiation quand on regarde dans le détail s'arrête pratiquement au sujet.

Je commence par le bon:

Il y a indéniablement du vrai dans ce panorama des suburbs anglais, le brouhaha constant le gris béton, les gens partout, le daron en trottinette électronique tout cela est juste on y croit.

Ensuite le film par moment et c'est selon moi ses réels points de puissance esthétique se désintéresse complètement de la tension et du déroulement normal ou classique d'une scène d'émotion et son dénouement.

Bailey vient de donner le go comme disent les jeunes ^^ et son beau père s'apprête à se faire massacrer par une bande de 10 gamins habillé en central cee. Elle part prendre ses frères et soeurs sans faire de bruit la tension est à son comble et au final non. Elle emmène les gamins à la plage, gigantesque moment de flottement, des gamins sur une plage aux teints grisâtres toujours c'est sublime. La tension revient après certes mais il n'est absolument pas question ici de montrer rapidement deux trois plans sympa avant de revenir à la tension la violence, non le film prend le temps de nous montrer quelque chose. Le bonheur des gamins et l'évasion mentale de Bailey qui coupe avec tout le reste et dans les deux cas les opérations sont réussites.

Suite à ça la petite troupe amène Bird voir son père qu'il n'a jamais connu, raté il s'en branle et referme la porte. Il ressort peu de temps après un peu penau et la on s'attend à ce qu'il soit plein d'émotion, seccoué. Non non il s'en branle. A la question par excellence de ce genres de scènes: elle était comment ma mère? " Bah c'était une ptn de taré et puis elle est morte jsp trop comment". On comprend à moitié que c'est sa compagne qui l'a forcé à sortir bref c'est glauque, mais comme un père indolent et vraisemblablement choqué qui est face à un adulte qu'il ne connait pas et qu'on lui dit être son fils.

C'est génial.

Je passe rapidement sur les scènes de violence domestique chez sa mère en particulier la scène du lit ou à travers peu de chose on comprend le degré de violence et de dangerosité du foyer.

Arrive maintenant le moins bon:

Un problème selon moi c'est le côté déclaratif de certains éléments de mise en en scène, ne servant qu'à dire il se passe ça ou ça et il faut en penser ça ou ça.

Exemple un moment donné le père de Bailey prépare une trace d'un truc surement de la kétamine c'est l'Angleterre ma ptite gueule kess tu crois. Sa fille arrive il lui parle un peu tout en manipulant vite fait et il stop et s'arrête pour lui parler.

Ce qui me gêne ici c'est qu'on s'arrête à l'idée, l'idée qu'un père se drogue devant ses enfants c'est tout. On observe pas l'effet ni l'image ou l'indifférence totale que se fait sa fille de l'acte pas si anodin que ça. Non on nous agite de la poudre sous le nez la fille à coté faut en déduire le reste c'est dommage.

Pareil pour les moments de fête dans le squat on a un peu le sentiment que c'est la pour suggérer que c'est invivable pour un gamin c'est tout. On exploite pas les possibilités de réalisation de ces moments la.

La rupture avec Larry CLark se fait ici selon moi il n'y a très peu de déclaratif ou de mise en place de situation dans ses films: tout est mis en scène jusqu'au bout. L'alcoolisme d'un père sera mis en scène on regardera son impact sur son comportement à lui et le regard de sa famille dessus.

Enfin ce qui me dérange le plus est l'immense balourdise narrative qui s'invite dans le récit à deux moments et coupe avec le rythme atonal du film. Premièrement, je ne suis pas sur de l'opportunité de faire de bird un véritable oiseau, non, non, je trouve que suggéré on comprend à quoi il fait référence qu'il a une part d'humain et de tangible et l'autre insaisissable et mystique ça suffisait. Mais si en plus c'est pour le révéler au moment ou il se prend une droite pas le méchant et va donc se transformer sauver la famille réanimer le chien... C'est lourd... et très éculé, tout est bien qui finit bien (au dernier moment!) pitié...

Le deuxième moment balourd concerne le début et la fin du film, sa résolution. Au début Bailey décide de se raser la tête, geste pas anodin pour une fille et d'envoyer chier son saron. Non je n'irais pas à ce mariage de con avec une meuf que tu connais depuis 3 mois et je mettrai pas cette atroce robe léopard rose. Le daron prend très mal ce refus et dans une scène d'abus domestique la force à mettre la robe et l'humilie. Avec cette cassure on comprend la relation que Bailey entretien avec son père du ressenti très fort envers lui, incapable de prendre soin de sa fille et de s'intéresser à autre chose que lui. C'est un positionnement un peu radical vis à vis de la famille qu'on ne voit pas énormément au cinéma grand public. Elle n'a de lien profond qu'avec son frère et très vite on ne s'intéresse plus qu'à elle et sa non relation avec son daron, elle l'évite et n'est qu'en conflit avec lui et à juste titre. Alors quand elle se coupe les cheveux c'est cool on a un enfant qui par son contexte va vivre par lui même sans subir les injonctions de ses parents. Elle évoluera par elle même elle fera pas ta coupe de con et portera pas ta robe, ça me parle.

SAUF QUE... après que le plan du frère de Bailey pour se barre avec sa meuf qu'il a mis enceinte ai échoué et que le daron vient le chercher avec sa soeur. (Famille au complet soudé à nouveau ou quoi ^^, vous voyez venir le truc...) Le mariage est célébré et Bailey s'est attaché les cheveux bien propre avec de jolies boucles sur la queue de cheval et porte quoi cette atroce robe.

Le message du film est bizarre ça veut dire quoi? Ta famille sera toujours ta famille? IL vaut mieux écouter les adultes? Ses parents?

Que cherche Bird dans le film ? Sa famille non?

Je ne sais pas ce que le film veut dire, je n'ai pas de réponse claire mais le message est quand même un poil conservateur, la famille se reconstruit par un dernier acte le mariage et tout le monde danse et est heureux, même Bird qui vient célébrer le fait que Bailey ai retrouvé la sienne.

Donc voilà du bon du moins bon...