Je dois confesser être particulièrement client du cinéma de Alejandro GONZÁLEZ IÑÁRRITU. Tous les films de ce réalisateur que j'ai vu m'ont inspiré des sentiments positifs.
Dans ce métrage nous sommes entraînés dans l'un des quartiers les plus miséreux de Barcelone, loin de l'image glamour et festive que l'on a habituellement de cette ville, loin de ses plages et des ses fêtes, d'ailleurs le seul moment où la plage apparait c'est pour être le décor d'une scène particulièrement dure.
On y suit Uxbal un homme qui vit de petites combines au jour le jour, pour joindre les deux bouts, nous sommes dans la société de la débrouille, celle qui est nécessaire et vitale dans certains quartiers, là où les lacunes de l'état oblige à parfois transgresser les lois. Pour Uxbal ses combines consistent principalement à organiser le travail clandestin et l'aide aux émigrants clandestins. Loin des mafias qui profitent de la misère humaine, Uxbal et ses complices vivent au contact et sous les mêmes conditions d'urgence que les personnes qu'ils aident au mépris de la loi. C'est un père attentionné qui doit nourrir ses deux jeunes enfants dont il a la garde, car leur mère souffre d'un trouble bipolaire assez sévère qui lui interdit de gérer le quotidien, elle est à la fois sa plus profonde blessure et sa sève vitale.
Un jour, Uxbal apprend qu'il est atteint d'un cancer au stade terminal, cela le pousse à chercher par tous les moyens à sa disposition à mettre sa famille à l'abri. S'en suivent une série de décisions pas toujours couronnées de succès, aux conséquences parfois tragiques, mais qui au final offre à Uxbal la rédemption dont il a besoin.
Alejandro GONZÁLEZ IÑÁRRITU en maître absolu de la mise en scène nous offre un film sublime, à la fois dur et âpre qui questionne notre relation à l'autre et en particulier à ceux dont la naissance ou l'histoire en font des anonymes que l'on s'imagine sans rêves ou sans ambitions. Il filme les visages de ses héros tourmentés d'une façon si humaniste que les dialogues en deviennent superflus, les regards, les expressions, les petits gestes échangés suffisent à installer toute une palette d'émotions.
Javier BARDEM est littéralement habité par son personnage et nous donne une prestation d'une rare qualité, les autres acteurs et en particulier la femme et les enfants participent également à la réussite totale de cette histoire qui nous prend aux tripes. La beauté de la nécessité sociale transpire dans chaque plan, chaque choix scénaristique, chaque dialogue. Et j'avoue avoir versé une petite larme à la scène dans le lit entre ce père à bout et sa fille jetée dans le monde adulte beaucoup trop tôt.
Un vrai plaisir, qui confirme le réalisateur mexicain comme l'un des maîtres du cinéma actuel et qui se place en bonne place dans mon panthéon personnel.