Le long panoramique, dans un sens puis l'autre, qui ouvre le film fait comprendre d'entrée qu'on a affaire à quelque chose de pas ordinaire. La photo est hyper granuleuse, mais étrangement elle est d'une incroyable beauté, qui ne se dément jamais tout au long du film. Et son ton bleu métallique est tout autant esthétique.
Le rythme est lent, et l'ensemble extrêmement avare de dialogue. Seulement l'essentiel... Pourtant, on ne s'ennuie pas.
Si les animaux sont bien au centre de l'intrigue, Black dog ne se limite cependant pas à l'amitié entre un homme et son chien. Le lien qui les unit est davantage le dispositif autour duquel les éléments gravitent, que le film lui-même. Et à ce sujet, Black dog prend son spectateur pour un adulte et ne le confond pas avec le client d'une animalerie. L'émotion est bien là, mais elle est du genre subtile. Jamais mièvre.
Le cadre de son histoire, sa ville en déshérence et son ambiance très ancrée dans le réel font penser à l'hyper réussi Blind shaft. Mais comme le précise son réalisateur, Black dog n'est pas une critique politique, ce qui ne manquera pas de décontenancer. Mais c'est finalement assez vrai si on réfléchit bien. Car en dépit des images et des situations qu'il donne à voir, Black dog outrepasse le cadre du constat social et politique, et va très au-delà. C'est par certains côtés un film à la limite du surréalisme, à la limite de la tragédie, à la limite du burlesque et à la limite de pas mal d'autres propositions. Sans jamais clairement s'engager dans une seule voie. Le juger uniquement sous un aspect politique s'avère en définitive bel et bien réducteur.
En clair, c'est drôlement bien.