Black Dog
7.2
Black Dog

Film de Guǎn Hǔ (2024)

J'avoue que j'avais peur de visionner un long-métrage rugueux, froid, cru, cruel et implacable. Alors, je n'ai absolument rien contre ce type de cinéma. Loin de là, car il y a même quelques grandes œuvres du septième art à posséder ces caractéristiques. Et ce n'est pas tant le cinéphile qui parle ici que le cœur tendre, très sensible à la cause animale. Évidemment, il va sans dire que j'ai vu avec plaisir, affiché au début du générique de fin, mentionner le fait qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage.


Bon, s'il y a un fil conducteur principal, autour du protagoniste, prisonnier bénéficiant d'une liberté conditionnelle, être taiseux et plutôt solitaire, qui se prend peu à peu d'amitié pour un autre paria, à savoir un chien noir errant, le tout est enrobé de tranches de vie autour de ce même protagoniste et de ses diverses relations avec les habitants de sa ville natale, cette dernière totalement à l'abandon, avec ses installations aussi vides et calmes que le désert de Gobi environnant (filmé avec inspiration, en mettant en exergue certaines de ses particularités, comme un personnage à part entière !), alors que, paradoxalement et ironiquement, la frénésie règne dans le pays puisque l'action se déroule pendant les JO de Pékin de 2008. Ce coin isolé ne parvient pas à suivre les changements économiques, aussi rapides que considérables, qu'a connus le pays les trois décennies précédentes.


Pourtant, loin du misérabilisme auquel on aurait pu s'attendre avec un tel sujet et même si la réalité des choses n'est en rien voilée, Guan Hu réalise, au contraire, un film plutôt tendre, quelquefois même avec une touche d'humour, sans véritable antagoniste, révélant un amour profond pour tous les êtres vivants, le tout d'une manière contemplative, sans trop de bruit ni de fureur, laissant les émotions venir elles-mêmes aux spectateurs, leur laissant comprendre ce qu'il se passe à l'écran.


Bref, Black Dog est une réussite (justement récompensée par le prix Un Certain Regard à Cannes !), touchant autant par son authenticité que par la beauté, visuelle et intrinsèque, qui s'en dégage.

Plume231
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