Premier film du réalisateur Thomas Gilou, et premier carton au box office, puisque "Black mic-mac" réunira plus d'un million de spectateurs dans les salles.
Celui qui deviendra le spécialiste français de la comédie ethnique ("Raï", "La vérité si je mens", "Chili con carne") affiche d'emblée des prédispositions pour ce registre, avec un film dont la plupart des personnages sont originaires d'Afrique Noire.
"Black mic-mac" n'est pas évident à évaluer, car le film comporte de bonnes idées et une indéniable originalité, mais se révèle néanmoins poussif, voire lourdingue à l'occasion.
En dépit de son évidente singularité, le film de Gilou partage ainsi plusieurs caractéristiques avec la masse des comédies françaises 80's : un certain amateurisme notamment, qui se traduit par un rythme comique incertain, une mise en scène approximative, une interprétation aléatoire...
Dans le même temps, "Black mic-mac" reste un OFNI, du fait de son exotisme "visible", mais aussi de certains parti-pris audacieux comme la bande originale assez pointue, ou encore le choix des sous-titres, permettant aux personnages de s'exprimer dans leur propre dialecte.
Des exemples qui illustrent une vraie connaissance de l'Afrique Noire, et une certaine authenticité derrière la caricature, la productrice et coscénariste Monique Annaud ayant longtemps vécu sur le continent noir.
Le film montre ainsi une réalité ignorée par la plupart des français, notamment de province, et n'hésite pas à évoquer (en arrière-plan) certains sujets polémiques : l'insalubrité des foyers accueillant les immigrés, le racisme au sein de la police, les expulsions de clandestins (en cette même année 1986 , Pasqua inaugure sa politique des "charters de la honte").
Cela dit, on reste dans la pure comédie, et on pourra reprocher à "Black mic-mac" de multiplier les stéréotypes sur les Africains, relayant ainsi certains clichés éculés.
Par exemple, le personnage incarné par Isaach de Bankolé figure une pure caricature d'Africain rigolard, paresseux, naïf, jouisseur, obsédé par les fringues et les femmes.
D'ailleurs j'ai trouvé le comédien ivoirien franchement pénible, mais visiblement ce n'est pas l'avis général, puisque Bankolé obtiendra le César du meilleur espoir pour ce rôle! (un vrai scandale...)
Heureusement, Jacques Villeret et Félicité Wouassi proposent un jeu plus nuancé, même si leur romance pourra laisser sceptique.
En conclusion, voilà une comédie qui a beaucoup vieilli, et apparaîtra sans doute laborieuse auprès d'un public contemporain (les bons gags, comme celui du marabout paumé dans le métro, restent rares).
En revanche, en tenant compte du contexte de sa sortie, l'authenticité et la bonne humeur communicative de "Black mic-mac" pourront lui valoir la moyenne.