C'est un conte aux accents tragiques, le tableau noir d'un monde qui meurt dans lequel la nature transmet sa souffrance aux hommes, comme une épidémie. D'abord sombre puis onirique, Black stone noircit le réel pour mieux s'en évader.
Shon Sun est au service militaire tandis que ses parents se tuent au labeur dans une usine agro-alimentaire. Métis, le jeune homme est confronté au racisme institué d'une société coréenne ultra nationaliste. Si le film semble alors forcer le trait, c'est davantage pour construire une tragédie que pour émouvoir. Roh Gyeong-Tae peint un monde qui s'asphyxie et dont il faut s'évader.
La mise en scène est précise, les scènes courtes et peu dialoguées, le travail visuel superbe. Le film opère un lent glissement du réel au rêve, de la noirceur au fantasme, vie et mort mêlées, des rues de Séoul aux plages polluées du sud-est asiatique. La pesanteur cède peu à peu la place à une douceur douloureuse mais libératrice.
C'est un cinéma dont la singularité déroute mais accroche le regard. Récit initiatique d'un jeune homme en quête d'apaisement, Black stone se clôt magnifiquement sur une envolée abstraite ouverte à tous les imaginaires.