Cela m'arrive rarement mais j'ai été obligée de parler de ce film à ma mère aussitôt que je l'ai fini. Les films qui m'ont autant touchée se comptent sur les doigts de la main. Par "les films qui m'ont autant touchée" je parle de ces films qui me sont trop durs à faire passer pour fictif dans ma tête, ceux pour lesquels il est impossible de passer à autre chose aussi vite que je le devrais. C'est pour ça que j'ai eu besoin d'en parler à ma mère.
Black Swan raconte l'histoire d'une jeune ballerine, Nina, qui est obsédée par la perfection. Elle qui semble pourtant si douce, toute de rose vêtue, se révèle particulièrement dure envers elle-même. Une exigence qui est certes nécessaire dans le domaine de la danse classique mais qui porte parfois, et c'est le cas ici, à la chute d'une vie. Le film m'est aussi apparu très troublant, confondant rêve et réalité et m'entraînant dans la confusion de Nina. Quand elle a cherché à atteindre la perfection toute sa vie, que faire quand on lui dit que la clé c'est d'abord de se laisser aller ? Car la danseuse semble avoir pour toujours fait passer la technique pour perfection et jamais la passion, cette manière de faire croire que tout est si facile. Nina se retrouve alors prise dans cette tourmente où plus personne ne peut nous faire voir à quel point notre travail est déjà suffisant, puisque l'ennemi ne vient plus de l'extérieur mais d'elle-même. Quand elle est déjà parfaite, Nina pense qu'on veut lui voler sa place, qu'elle doit faire mieux et qu'elle ne transmet pas encore de réelle personnalité dans sa danse, seulement une technique trop bien maîtrisée.
Le personnage de Nina commence ainsi à se dédoubler, à l'image de son rôle du ballet pour lequel elle joue, entre le cygne blanc et le cygne noir. C'est ce dernier qui va la transformer. Le cygne noir parvient à retourner Nina contre elle-même et lui fait avoir ses inquiétudes intrusives. Il la fait aussi se retourner contre sa mère qui semble vouloir garder Nina et sa réussite pour elle seule.
Tout au long du film, j'ai eu envie de rassurer Nina et de lui dire qu'elle est assez (comme pour la dernière fois, je prends les films pourtant fictifs trop au sérieux). Je pense que je me suis peut-être même identifiée à celle-ci sur certains points. Cela expliquerait aussi que Black Swan m'ait laissé bouleversée aussitôt que le générique de fin s'est affiché sur l'écran, comme si j'avais vécu l'histoire de Nina avec elle.