La danse … Cet art qui associe le geste à la musique, qui met en œuvre des mouvements du corps en rythme avec la musique. Bon, avouons-le platement, la danse, chez moi, ce n'est pas ce que je fais de mieux … Jamais su, jamais eu envie de savoir, encore moins de faire …

Et pourtant, j'ai vu une pelletée de films où la danse tient un rôle central. Films que j'aime bien, en général. Des comédies musicales, bien entendu, avec des danses plutôt modernes (quoique) mais aussi des films bâtis autour de la danse classique. Et, là, le film d'Aronofsky coche un certain nombre de cases en choisissant cette belle histoire du "lac des cygnes" avec cette dualité de la femme entre le cygne blanc et le cygne noir, la préparation du ballet avec ces mouvements si grâcieux, si délicats …

Et c'est bien le drame que va évoquer ce film où une danseuse, Nina (Natalie Portman) est parfaite dans le rôle du cygne blanc (pur et fragile) mais a des difficultés à se métamorphoser en cygne noir (séducteur et maléfique). Nina doit se partager entre une mère, castratrice et possessive, et un maître de ballet, dur et exigeant, Thomas (Vincent Cassel). Pour ce dernier, il est évident que Nina doive s'émanciper de la tutelle de sa mère et se lâcher dans sa vie, mordre dans le(s) plaisir(s). Pour ce faire, il lui jette dans les pattes une autre danseuse, Lily (Mila Kunis), une rivale, histoire de la challenger à différents niveaux ...

Comment Nina va encaisser cette pression énorme exercée sur ses épaules ? D'autant qu'elle n'a pas vraiment besoin qu'on lui mette la pression pour se faire des nœuds dans le cerveau. Le film va donc suivre l'évolution de la jeune danseuse, cette métamorphose, qui va se traduire par une lente descente en enfer pour atteindre enfin cette perfection, cette parfaite dualité. Oui, mais à quel prix ?

Natalie Portman est, dans ce rôle de cygne blanc en quête de perfection, bouleversante. On s'attache à son personnage dès le début, on s'inquiète de ses affres, de sa fragilité, on est terrifié par le chemin qu'elle emprunte pour sa quête et on vibre à chacun de ses mouvements pleins de grâce lorsqu'elle danse. Aronofsky a puissamment réussi sa mise en scène.

Vincent Cassel, avec son air de boxeur entêté et bourru, réussit sa prestation de mâle dominateur dont les seuls soucis sont le financement puis le succès du spectacle. Il est crédible dans son rôle de manager ou d'entraîneur chargé d'obtenir le meilleur de ses danseurs. Séducteur pour être mieux séduit.

Mila Kunis est excellente dans son rôle à la fois de négatif de Natalie Portman et d'objectif à atteindre pour Nina. Alors que Natalie Portman fait office d'une gamine dans un corps de femme avec plusieurs barrières à franchir pour s'émanciper, Mila Kunis est une femme accomplie, sûre d'elle et sans complexe. Rien que le travail sur la voix des actrices est révélateur des caractères des deux personnages féminins.

D'évoquer Mila Kunis, j'en viens à ce que je trouve un peu excessif dans le film où Aronofsky met trop les points sur les i avec des scènes dérangeantes qu'elles soient gore ou sexuelles, de toute façon pas nécessaires. Personnellement, je pense que le film aurait gagné à travailler un peu plus en finesse, dans la suggestion plutôt que dans l'explicite.

Mais, il reste que c'est quand même un bon film dans lequel la tension qui s'empare du spectateur dès le début du film ne se relâche jamais sauf dans l'image finale …


JeanG55
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le 18 oct. 2024

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