Emanuel Swedenborg (XVIIIème siècle) disait qu'un être androgyne était un être parfait, parce qu'il réunissait en un seul la partie féminine et la partie masculine, pour un être complet. C'est pour cette raison que les anges n'ont pas de sexe.
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Dans Black Swan, l'idée est la même, portée par l'idée que la danseuse de ballet parfaite est à la fois le Cygne Blanc et le Cygne Noir, c'est à dire le bien et le mal. La maîtrise ne suffit pas, surtout cette rigueur bien acceptée dans les cercles de danse, qui constituent le bien. Il faut aller puiser dans le mal, le connaître, l'éprouver, l'expérimenter, pour enfin pouvoir l'exprimer, en harmonie avec le bien, pour devenir un être parfait.
Le film présente donc cette quête, cette descente en enfer nécessaire de la part du personnage interprété par Natalie Portman, qui réalise ici le rôle qui la révèle comme une grande actrice.
Sans en dévoiler, cette quête du mal est filmée à la quasi-perfection, peut-être parfois en soulignant trop des évidences. Mais rien à y faire, on reste scotché dans cette chute de cette si frêle et gracile danseuse pour aller chercher en elle, dans ses peurs et ses hallucinations, la force d'interpréter le Cygne Noir, avec à la clé des scènes ahurissantes comme la scène d'amour, un viol du bien par le mal.
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