Avec Black Widow, Marvel regarde dans le rétroviseur de son imposante chronologie pour faire un dernier adieu au personnage campé par Scarlett Johansson depuis 11 années. Sans aucun intérêt.


Black Widow, 24ème long-métrage du Marvel Cinematic Universe et premier de la Phase 4, ressemble à un caprice de star. Véritable exception dans le programme surchargé de la firme depuis maintenant plus de 10 années, le film de Cate Shortland se détache de l’arc principal pour regarder encore plus loin dans le rétroviseur, coincé entre Captain American : Civil War et Avengers : Infinity War. Ce début de nouvelle phase n’a pourtant pas grand chose à dire, à part la volonté de rendre un dernier hommage et d’offrir un tant soit peu de passif à un personnage trop souvent sacrifié, hélas dernièrement réduit à une histoire d’amour platonique avec un certain Hulk.


Blockbuster périmé


Cate Shortland offre ainsi dans les premières minutes de Black Widow une introduction solide sur une famille en fuite. Si tout à l’air de sonner un peu faux, le cocon familial factice prend alors un véritable sens, avant de se vautrer dans un générique lourdingue sur le conditionnement des fameuses veuves sur des airs de reprise de Nirvana en mode gothique conférant rapidement au métrage des airs de film d’action raté des années 90.


Parce que oui, Black Widow n’a rien à dire et s’avère de plus très chiche en terme de spectacle. L’intrigue, téléphonée de bout en bout n’hésitera ainsi pas à user de fatigants allers-retours pour justifier son final raté, conclusion logique d’un ensemble puant le factice et reposant sur des fondations plus que fragiles. De cette famille dysfonctionnelle, pourtant campés par la toujours impeccable Rachel Weisz, du lourdingue David Harbour (qui après Hellboy, confirme un goût pour les grands projets), seule Florence Pugh semble y croire un peu trop, face à une Scarlett Johansson complètement absente de son propre projet.


Ce n'est qu'un aurevoir


Après le bouleversant Marriage Story, on se demande ainsi où est passée Scarlett Johansson, enchaînant les tenues et les poses sans aucune conviction, paraissant soudainement lasse de rentrer dans sa combinaison moulante. Même si le film se servira de ces caractéristiques pour en faire un ressort comique, Black Widow semble néanmoins ne jamais creuser plus loin, enfermant définitivement (et cruellement) le personnage dans ses chiches apparitions au sein du MCU sans en dire plus, ne la laissant être qu’une femme d’action se contentant d’enchaîner les péripéties sans aucun réel affect.


Tout ce que le scénario tente d’apporter en terme de back-story au personnage ne se résume ainsi qu’à des incarnations vides d’une Russie toute droit sortie d’un mauvais film d’espionnage en pleine Guerre Froide. Tout sonne faux, creux, et jusque dans sa scène post-générique, rien ne viendra ainsi étayer les courbes d’un personnage froid et désincarné, qu’un film qui lui est sur ce côté hélas bien fidèle, jusque dans son fadasse (et ridicule) antagoniste. Cate Shortland n’a pas la patte d’un James Gunn, ni même l’univers de Thor transfiguré en pétaradante récréation fluorescente (et certes fatigante) par Taika Waititi : Black Widow n’est ainsi qu’une parenthèse creuse et risible, qui enterre l’héroïne du côté de piteuses collègues, Elektra et Catwoman.


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QuentinBombarde
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le 26 juil. 2021

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