Aussi attendu que redouté, aussi ambitieux que risqué, « Blade Runner 2049 » était vraiment LE titre attendu par les cinéphiles en cette fin d'année, et je dois avouer que je suis en définitive aussi séduit que très légèrement déçu, même si la satisfaction l'emporte toutefois sans réelle difficulté. Premier bon point : le film n'est nullement une redit du chef-d'œuvre de Ridley Scott, parvenant aisément à creuser son sillon à travers un scénario plutôt réussi et de nombreux nouveaux personnages ayant leur identité propre. De plus, la durée importante ne se fait que rarement ressentir, se justifiant presque constamment malgré quelques temps plus faibles.


Mais surtout, surtout, comment ne pas être impressionné par la maestria visuelle de Denis Villeneuve : le doute n'est plus permis, le canadien est aujourd'hui l'un des rares très grands esthètes à Hollywood et le prouve de façon magistrale ici tant chaque plan est quasiment une claque monstrueuse dans la figure. Alors oui, certains aspects m'ont laissé un peu plus dubitatif : le personnage de Ryan Gosling aurait pu être encore plus fort, troublant, le retour d'Harrison Ford n'est peut-être pas aussi bien exploité que possible, certains aspects du scénario n'étant pas toujours d'une grande clarté.


Mais ne serait-ce que pour quelques scènes proprement grandioses, que ce soit


l'arrivée de K à Las Vegas ou encore la déchirante scène de l'hologramme géant face à ce même K,


en disant tellement long sur la solitude des êtres et de l'omniprésence technologique dans la société d'aujourd'hui, Villeneuve frappe fort, ancrant avec beaucoup d'intelligence son œuvre dans le monde contemporain : froid, individualiste... Et comme certains aspects du récit sont particulièrement saisissants


(notamment quant à « l'élu », prenant une tournure assez tragique pour le héros),


on ne peut qu'être admiratif devant l'entreprise, son ambition, son audace, sa beauté crépusculaire : sans égaler son exceptionnel modèle, « Blade Runner 2049 » restera pour autant une œuvre majeure de 2018 : pour cela, sa vision dans les salles obscures paraît pratiquement indispensable.

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le 6 mai 2018

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Caine78

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