Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
211 j'aime
40
Critique rédigée en octobre 2017
Ça y est, il est enfin dans les salles obscures depuis de nombreuses années attentes ! Le film que tout fan de l'univers littéraire de Philip K. Dick attend avec impatience, je veux bien-sûr parler de Total Recall, Minority Report, Planète hurlante, Paycheck, L'Agence... Mais surtout de Blade Runner... Qui n'a pas vu Blade Runner, pour tout bon cinéphile qui se respecte? Le film ayant créer plusieurs écoles, celles des différents aperçus sur le film, celle des fans, et celle... des détracteurs du film, n'ayant absolument pas compris son sens ni trouvé un but. En effet, le film souffrant d'un très mauvais accueil au box-office américain de 1982, et dont le statut de culte ne lui sera remit que tardivement, sa suite ne sera clairement pas mise en chantier d'ici la fin des années 80.
Mais étant donné que tout devient possible au cinéma depuis quelques années (les réalisateurs multipliant les suites, remakes et reboots qui sont pour la plupart dispensables), la suite devait clairement être mise en chantier. Denis Villeneuve, réalisateur canadien contemporain connu depuis quelques années par la sortie de Prisoners (2013) avec Jack Gyllenhall et Hugh Jackman et, trois ans plus tôt, le moins célèbre Incendies (2010) adapté du roman de Wadji Mouawad, est alors chargé du projet, suite au succès commercial et critique du film de science-fiction Premier contact en 2016.
L'histoire de cette suite très prometteuse prend place à Los Angeles en 2049, soit 30 ans après les événements du premier film. A cette date, la faune a toujours disparu... Rick Deckard (Harrison Ford) aussi. Trente ans après que les réplicants, les fameux androïdes esclaves crées par la Tyrell Corporation, aient été éliminés un par un, une nouvelle entreprise productive de réplicants (dont j'ai oublié le nom) apparait, menée par Neander Wallace, fabricant aveugle (Jared Leto), et c'est là que la tension monte entre les humains et les machines. Joe, alias agent K (Ryan Gosling), est au même titre qu'eut Deckard un Blade Runner, unité de police spéciale chargée de débarrasser les Etats-Unis des réplicants, avant que ceux-ci s'empare du pouvoir de l'Homme et que celui-ci et la machine ne fassent qu'un. Au cours de sa mission, K rencontrera Rick Deckard, disparu depuis 2019. D'abord méfiant, ce dernier s'alliera à K, et sera aussi confronté à son passé à plusieurs reprises... Mais que cachent ces deux hommes? Par ailleurs, les entendons-nous respirer autour de ce LA brumeux et dévasté? Voilà pour le pitch du film.
Donc, par où commencer? Que faut-il penser de Blade Runner 2049 pour ma part?
C'est certes un bon film, je ne serai pas le dernier à l'écrire (et encore moins le premier, le film ayant déjà une excellente réputation aux EU et ailleurs)... Mais ce n'est pas une suite à la hauteur de mes attentes. Pourquoi me demanderez-vous? Procédons point par point...
D'abord, le film réitère à présenter certains éléments déjà présents dans le premier opus (l'incipit débutant par une explication de la situation, une véritable intro à la Star Wars ;
la première image du film est également un plan rapproché d'un oeil réplicant ;
la fin très proche du premier opus, mais ça on y reviendra un peu plus tard), et ces réapparitions sont bien amenées: dès le début, le film réussit à créer une haute tension présente dans le premier film, et sur ce choix le film marque un point parce que le film est à la limite de l'effrayant à certains moments,
notamment dans la scène de course-poursuite dans le noir entre K et Deckard (j'avais vraiment plié mes jambes à ce moment là!).
Par ailleurs, la scène d'ouverture m'a bien hypé dès le début.
Sinon, on va revenir sur un des gros points noirs incurables du film: le manque d'émotions. Pour qu'un film puisse être inclus dans ma longue liste de mes chefs d'oeuvre du cinéma, il nécessite de faire ressentir, mais surtout de montrer des émotions à l'écran, comme l'a fait le Blade Runner de Ridley Scott (j'en ai eu des frissons à certains passages). Hors là, si je mets à part l'excipit, non. Alors oui, à plusieurs reprises lors de la seconde partie du film,
Deckard est manipulé le personnage de Leto et lui montre certains éléments ayant marqué son passé, comme la rencontre de Rachel.
Seulement, tout ceci est présenté bien trop rapidement et de manière trop superficielle, Villeneuve ne se contente que de plans sur les visages des personnages afin de faire ressentir des émotions, or ça n'a pas fonctionné avec moi.
Ensuite, autre point téléphoné du film: l'identité des personnages. Il a toujours été question pour les fans du premier opus (je sais, il faut que je me calme avec les comparaisons avec le premier film !) de savoir si le personnage de Deckard est humain ou réplicant. Hors là, lorsque le film te balance dans le titre le millésime 2049, soit 30 ans de différence, et qu'on sait qu'un réplicant ne peut vivre plus de 4 ans: vous la sentez la grosse incohérence pour le coup hein !!! T_T
Du coup Villeneuve ne laisse aucune ombre de suspense sur la véritable identité de Deckard, ce qui est bien dommage.
Par contre, si je dois citer un très bon point du film: la surprise du personnage de K, interprété par le brillant Ryan Gosling, à qui on doit des rôles en or et en argent tels Drive (2011), N'oublie jamais (2004), Crazy Stupid Love (2010) et surtout La La Land (2017) ! Il campe un personnage charismatique, remplit de mystères, bref tous les caractéristiques du héros des héros.
Mon plus gros coup de coeur personnel sur ce personnage, c'est le sort qui lui est réservé, son dénouement, fascinant, sous la neige, dévoilant sa véritable identité puisque, grâce aux douces notes du thème Tears in Rain de Vangelis, on y reconnait la mort du personnage, et que c'est beau !
Enfin, passons rapidement sur d'autres statistiques du film: la musique de Hans Zimmer ne me marque malheureusement plus depuis ses dernières compositions (je n'ai pas trouvé celle de Dunkerque exceptionnelle par exemple) mais passe littéralement bien à l'image du film. Le visuel du film, par ailleurs, est bluffant, mais je trouve que le film se présente bien trop en plein jour, ce qui fait perdre l'atmosphère glauque pourtant présente durant tout le reste du film. De plus, la 3D n'apporte pas grand chose, étant donné que le film n'est, comme son prédécesseur, pas très rythmé, mais même ça, ce n'est pas une excuse pour justifier l'intérêt de la 3D.
Voilà, je pense avoir à peu près fait le tour de cette suite tant attendue signée par le plus canadien des réalisateurs contemporains. Un film réussit mais une suite quelque peu décevante à cause des nombreuses maladresses que le film met en place. Il présente tout de même des idées très intéressantes rendant le film captivant malgré la longueur de la première partie, mais pas assez pour réaliser une suite (j'espère que le projet BR s'arrêtera ici, avant que cela devienne une machine commerciale parmi tant d'autres) digne du chef d'oeuvre qu'est le premier opus, et surtout pas pour être mon film préféré de 2017.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de dark SF, Les meilleures adaptations de Philip K. Dick, Les films au meilleur design sonore, Les meilleurs films de 2017 et Les meilleurs films avec Harrison Ford
Créée
le 18 déc. 2020
Critique lue 181 fois
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