Je tiens d'abord à dire (parce qu'évidemment, c'est ce qui saute tout de suite aux yeux !) que, visuellement, Blade Runner 2049 est très respectueux de son très illustre ancêtre et que cela apporte avec lui le fait que c'est un régal pour les mirettes. Je savais déjà que Denis Villeneuve n'était pas un manche à ce niveau-là, d'autant plus qu'il est aidé ici de Roger Deakins à la photographie. Et les effets spéciaux (ce que le cinéaste avait déjà montré dans Premier Contact !) par leur utilisation sobre, minimal (ou du moins qui paraît l'être !), parvenant à être réalistes, sont bluffants. Là, franchement bravo Villeneuve, bravo Deakins, bravo l'équipe des effets spéciaux. C'est un des plus beaux films récents du point de l'esthétisme (mention spéciale à la partie orangée de Las Vegas !).


Bon, autrement, est-ce qu'il était vraiment nécessaire de donner une suite au classique absolu de Ridley Scott, 35 ans après ? Je ne le pense pas. Le Scott se suffisait plus qu'à lui-même. Tous les films n'exigent pas d'aller au-delà d'un seul opus. Mais bon, c'est là, je fais avec.


Bon, je ne me suis pas ennuyé du tout malgré sa longueur. Le rythme est impeccable de bout en bout.


Le scénario fait croire à un moment donné

qu'il est prévisible avec l'identité de l'enfant du personnage d'Harrison Ford. Mais oui, on voit depuis le début que c'est Ryan Gosling. C'est un protagoniste qui se cherche lui-même sans le savoir. J'avais déjà grillé le truc dès les premières secondes lorsque j'avais vu Angel Heart, alors maintenant... Et d'un coup, l'histoire me dit "je t'ai bien eu, tu croyais vraiment que j'allais tomber dans cette facilité". C'est un très bon point pour moi, qui a un peu blessé mon orgueil, mais c'est bien fait pour ma gueule. Par contre, la véritable progéniture aurait mérité d'être plus approfondie, d'être un véritable personnage secondaire important.


J'ai adoré (et pour moi, émotionnellement, ce sont les meilleures séquences de l'ensemble !) les relations entre le blade runner, incarné par le charismatique Ryan Gosling (j'ai oublié de le dire, mais je l'ai trouvé très bon !), préférant vivre dans l'illusion d'une union parfaite avec un être avec lequel il serait en symbiose, et sa "compagne", à qui la sublime et charismatique (elle aussi !) Ana de Armas parvient à lui insuffler dans un sens figuré de la chair, à la rendre émouvante (ce qui est aussi redoutable pour le spectateur, venant à en partager cette illusion, que pour le protagoniste !). Je ne connaissais pas du tout cette comédienne jusqu'à ce que je vois Knives Out. Et là, j'ai la confirmation, après avoir vu Blade Runner 2049, que c'est une star les plus intéressantes et talentueuses de sa génération.


Maintenant, ce qui cloche un peu.


À la BO (et je pense que c'était inévitable !), Benjamin Wallfisch et Hans Zimmer n'arrivent pas à la cheville de celle de Vangelis (inoubliable et puissante !). Et j'ai eu le sentiment qu'ils s'en sont rendu compte, car vers la fin, les deux compositeurs ont l'air de s'être dit "et merde, on arrête de faire autrement que Vangelis, en le pompant sans originalité pour les dernières scènes".


Vous vous rappelez l'antagoniste joué par le bulldozer de charisme par Rutger Hauer dans le film de 1982 ? Le contraire est impossible. On l'abhorre pendant une bonne partie du film, avant de se dire vers la fin "merde, je ne peux plus le détester". Ce qui met le spectateur dans une position inconfortable, le remue au plus profond de lui-même. Là, aucun risque, Sylvia Hoeks (dont je ne remets pas en cause le talent, le problème, c'est l'écriture !) est juste une méchante très méchante lambda qui pourrait être dans n'importe quel blockbuster bourrin. La position inconfortable est plutôt assurée ici par le blade runner lui-même pour le coup, haïssable dans la confrontation en 'intro, mais avec lequel on va être en empathie pendant tout le reste du long-métrage.


Et (je ne sais si c'était par paresse ou si c'était dans l'idée de garder du contenu pour une éventuelle suite !), mais une véritable guerre qui se prépare contre les Réplicants semble être résolue juste en mettant hors d'état de nuire la méchante très méchante (en tous les cas, c'est mon impression !). Dans cette optique, pour le big boss de la diabolique corporation, joué par Jared Leto, ça ne débouche sur rien.


Bref, faute d'être de la même qualité que Blade Runner tout court, d'avoir sa perfection, faute d'être une suite qui s'imposait, cela reste une belle œuvre de cinéma, un film de SF ambitieux tout en étant divertissant, avec des morceaux touchants.

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le 20 sept. 2021

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Plume231

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