D'Anne Fontaine, je ne connais que deux films "Les Innocentes" et "Blanche comme Neige". Pour le moment.

Ces deux films que j'ai beaucoup appréciés ont en commun l'actrice Lou de Laâge que j'avais découverte dans le magnifique personnage de Kitty du Anna Karenine de Christian Duguay…

"Blanche comme Neige" est dans un registre complètement différent puisqu'Anne Fontaine revisite le conte de Grimm en le situant de nos jours. Si, globalement, on retrouve bien tous les points clés du conte, en revanche, les différents personnages sont un peu réévalués.

J'emploie le terme "réévalués" plutôt que "modernisés" ou "transformés" car il suffit juste d'extrapoler ce que les termes du conte peuvent laisser supposer. Lorsque Blanche-Neige, dans le conte, arrive dans la maison vide des sept nains, elle essaye les chaises de tous, boit dans le verre de l'un, mange dans l'assiette de l'autre etc … comme si elle était chez elle. Pire, elle essaye tous les lits qui ne sont pas à la bonne taille et opte pour le lit du septième nain…

Dans le film, Claire (Blanche-Neige) est au départ sous l'emprise de Maud, sa belle-mère, patronne d'un hôtel de luxe. Son avenir, terne, soumis, semble écrit. Si les lignes bougent, ce n'est pas du tout du fait de Claire mais de Maud, dévorée de jalousie.

La fuite de Claire dictée par les circonstances et un instinct de survie est la cause principale de la découverte d'une soudaine et enivrante liberté et de la révélation du désir de vivre sa vie. Il n'y a plus besoin de prince charmant pour s'accomplir désormais.

Comme dans le conte, Claire restera candide et sans malice jusqu'au bout car jamais elle ne comprendra ou imaginera les mauvais desseins de sa belle-mère. La mise en scène des différents personnages est assez astucieuse car elle met en avant et développe les deux personnages principaux féminins Claire et Maud mais minimise les personnages masculins qui entourent Claire. Ces derniers qu'on pourrait qualifier de chevaliers servants, tous amoureux, tous plus ou moins timides sont bien des "nains" par rapport à Claire.

Le personnage de Claire est interprété par une éblouissante Lou de Laâge qui diffuse autour d'elle une douce sensualité et s'offre à ses amants pour un plaisir partagé et sans conflit.

En contraste total avec Claire, on trouve Maud dans le rôle de la marâtre superbement interprété par une belle Isabelle Huppert au rouge à lèvres aussi flamboyant que sa jalousie est dévorante. Elle a beau scruter le miroir, se comparer avec Claire et bien se farder, le verdict est sans appel. D'ailleurs, son emprise sur son amant (Charles Berling) qu'elle menait par le bout du nez est largement déclinante, ce qui l'enrage.

Il faut quand même parler un peu des rôles masculins car le casting nous prévoit quelques bonnes surprises avec Benoit Poelvoorde dans le rôle d'un libraire un tantinet lubrique ou un Vincent Macaigne, musicien dépressif avec son chien Tchernobyl mais qui nous réserve un petit moment de grâce avec la suite pour violoncelle de Bach.

Pour conclure, signalons la somptueuse photographie d'Yves Angelo dans des magnifiques paysages du Vercors avec la route en corniche de Combe-Laval, entre autres. C'est un film d'une grande fraicheur plein d'une douce sensualité, complètement hors-sol mais dans lequel je me suis plongé avec ravissement pour le plaisir de contempler (avec les yeux et les oreilles) cette belle et prometteuse actrice qu'est Lou de Laâge.

JeanG55
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Science-Fiction et Fantastique

Créée

le 23 juin 2023

Critique lue 65 fois

3 j'aime

4 commentaires

JeanG55

Écrit par

Critique lue 65 fois

3
4

D'autres avis sur Blanche comme Neige

Blanche comme Neige
CINEKIKS
1

Un calvaire sans nom !

Jamais ce film ne prend la peine de passer la seconde, si bien qu'il stagne dans une position le rendant poussif et polluant. Près de deux heures d'exposition du corps et des charmes de Lou de...

le 17 avr. 2019

9 j'aime

Blanche comme Neige
Cinephile-doux
7

Sérieux comme le désir

Respect pour Anne Fontaine qui a réussi à construire une filmographie de 16 longs-métrages à l'écart des modes et toujours originale même si les plus belles réussites (Nettoyage à sec, Les...

le 11 avr. 2019

9 j'aime

2

Blanche comme Neige
Melinos
5

Jeune femme objet de désir plus que sujet de désirs

Il y a de belles intentions dans ce film. Dédiaboliser le désir et le plaisir féminin. Désacraliser le sexe en général, le libertinage, l'indépendance de la femme. Malheureusement, les messages...

le 6 mai 2020

4 j'aime

Du même critique

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

25 j'aime

9

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

25 j'aime

5

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

24 j'aime

19