Dans son hilarant speech lors de son Molière de l’humour qu’elle se remet à elle-même , Blanche remercie Louis C.K. pour l’inspiration.
Sans surprise, car elle lui ressemble en effet beaucoup, certains passages comme celui sur la technologie sont même extrêmement proches ; et la petite fiction à la fin du spectacle m’a fait rêver d’une série sur sa propre vie comme l’a fait Louis. Ce serait excellent !
De là à dire qu’elle est un Louis C.K. version femme française, peut-être pas. Plus pince sans rire, plus glaciale, plus crue que Louis, elle pousse l’humour trash en sans concession plus loin, en maintenant sa posture scénique volontairement gênante.
Un spectacle comme ça, c’est une bombe. C’est drôle, très drôle même, acerbe, tranchant. Ça m’a pris aux tripes, au point de me donner envie d’en parler après une longue sècheresse d’écriture de critique (bordel, toujours cette manie de parler de moi dans mes critiques, on en a marre).
On naît dans la solitude, puis on vit seul en attendant la mort. Notre petite vie d’occidentaux privilégiés nous offre un luxueux banquet à volonté de névroses, y’a plus qu’à taper dedans, les amis ! Et c’est entre autre ce que dépeint Blanche avec tant de justesse acide que ça ne peut laisser qui que ce soit indifférent, qu’on aime ou pas.
Si l’on peut trouver quelques anglophones dans sa catégorie, Elle est à ma connaissance la seule francophone actuelle à réussir cela (je pense peut-être à Manuel Pratt, que j’ai eu le plaisir de voir au festival d’Avignon). D’ailleurs vous qui me lisez -ne faites pas genre, je sais bien qu’il y en a qui me lisent, je n’écris pas totalement sans raison- si vous en connaissez, recommandez, partagez je vous en prie !
Car cet humour corrosif est celui dont j’ai le plus besoin, vu qu’il fait écho à mon humanité, certaines de mes souffrances au sein de ce monde torturé, et que quand je regarde quelqu’un comme Blanche oser se mettre à nu dans toute son imperfection, je me sens un peu moins incompris.
Heureusement que tous les comiques ne sont pas comme elle non plus, mais ceux-ci sont beaucoup trop rares, et elle m’a fait passer un moment magique, inoubliable devant mon écran.
Si j’ai beaucoup ri, il n’est pas des spectacles qui m’auront fait le plus marrer, mais surtout de ceux qui ont su porter des messages, avoir un fond derrière l’apparente connerie, une finesse derrière la vulgarité de surface, une lumière éclairant la noirceur des propos.
Blanche, merci. Et bravo.