Blink Twice
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Blink Twice

Film de Zoë Kravitz (2024)

Le hashtag MeToo semble être un gage en soi.


Car dès lors que l'on s'y rattache ou qu'on l'agite tel un hochet, c'est comme s'il était permis de laisser toute espèce de subtilité au vestiaire, du moment que l'on assène le nécessaire combat à coup de boutoir dans les esprits les plus rétifs ou, comme dans Blink Twice, à coup de phallus sculpté pour abattre le système patriarcal.


Et encore n'avons nous pas eu droit, cette fois-ci, aux publi-reportages hypocrites du site Les Eclaireuses servant la soupe de manière éhontée pour porter à bout de bras un Promising Young Woman de triste mémoire en 2021.


Le masqué y verra donc une certaine forme de progrès.


A croire qu'il s'agit d'un concours car Blink Twice s'enfonce un peu plus encore dans le marigot. Car Zoé Kravitz échoue systématiquement à entretenir une quelconque tension, tandis que ses modèles sont plus photocopillés que convoqués. Car l'influence du schéma de Get Out est tellement transparente qu'elle en devient gênante et torpille tout effet de surprise. Car l'appropriation de certains ressorts de Don't Worry Darling ou de Midsommar se voit comme le nez au milieu du visage, sans pour autant émuler leur réussite.


Et il faudrait peut être expliquer à Zoé Kravitz que mettre en scène, dans la répétition, pendant la moitié de son premier effort des teufs dérisoires où des richards se pavanent, se droguent, se murgent et rigolent comme des otaries, ce n'est pas très bon ni pour l'intérêt, ni pour le suspens.


Tandis que le mystère derrière les apparences ne s'envisage, bien sûr, qu'en termes de combat des gens du bien qui ne conçoivent leur cause que comme soulignée au Stabylo, histoire d'éviter que le message bien sûr "nécessaire" n'échappe pas même aux deux du fond en train de roupiller. Blink Twice, bien sûr, s'inscrit dans cette tendance faisant prendre celui qui a payé sa place pour un jambon. Surtout quand il souligne ses effets pseudo-horrifiques par un gros plan insistant ou en faisant bourdonner son ambiance sonore.


Autant de béquilles qui ne font que souligner l'aspect plus que timoré de Blink Twice, qui rechigne tout simplement à aller au bout de sa démonstration afin de dessiner l'indicible à l'écran et de porter le genre dont il se réclame. Mais cette tare est loin d'être étonnante dès lors que Kravitz et son co-scénariste avaient depuis longtemps choisi d'illustrer leur commentaire social tarte à la crème par des saillies soi-disant humoristiques consternantes et des réflexions radicales sur les violences faites aux femmes dignes d'un discours hasardeux de Miss France alcoolisée.


Il ne manquerait plus qu'une renaissance à base de tatouage de phénix à la bouteille de bière pour rejoindre toute la subtilité et la puissance du message de Coralie Fargeat dans son Revenge...


Ne parlons même pas du casting relevé de grands noms convoqué pour seulement jouer les utilités ou pour s'acheter une conscience : il n'y a qu'à voir le fantôme de Haley Joel Osment se contenter de jeter son rasoir et de jouer du ukulélé pour avoir envie de s'ouvrir les veines de désespoir.


Mais le plus révoltant dans Blink Twice, ce sont ses lieux communs utilisés ad nauseam et les stéréotypes de la lutte, qui s'attaquent bien sûr seulement aux riches quadras blancs, dès lors que ces derniers détiennent évidemment le monopole des agressions, de la violence et des sujétions. Ou encore son utilisation problématique de l'amnésie. Ou encore ses considérations sur l'oubli et le pardon dès lors que le traumatisme sans retour se résoudra de manière bien facile.


Car finalement, l'exercice d'une fonction à haute responsabilité, ainsi que quelques millions à brasser, à bien y réfléchir, aident plutôt bien la victime à se relever et à oublier ce qu'elle a enduré.


Pas sûr que Zoé Kravitz avait ce message en tête en comptant apporter sa pierre à l'édifice.


Behind_the_Mask, the secret of Donkey Island.

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le 28 août 2024

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