A partir du roman éponyme de Joyce Carol Oates, qui reprend la vie de Marilyn Monroe en la parsemant de passages fictionnels, Andrew Dominik prend le parti de faire le film auquel les amateurs ne s'attendaient pas.
A savoir un récit éclaté, aux formats divers, où l'image passe du noir et blanc à la couleur sans aucune raison, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le réalisateur ne se prend pas pour la moitié d'une mandarine. Plus que de parler de l'actrice, c'est avant Andrew Dominik que je vois à l'écran, car il fait montre d'une recherche formelle que je trouve parfois grossière (comme les plans sur le fœtus quand Marilyn tombera enceinte, ou à deux reprises, l'intérieur de son vagin quand il est question d'avortement), mais il veut montrer que oui, il a lu le roman, en reprenant aussi ce moment ridicule, et inventé de toutes pièces, où la personne qui serait son père lui envoie régulièrement des lettres qu'on entend en voix off. Or, on sait que l'actrice ne connaitra jamais son géniteur, dont l'identité nous a été confirmée seulement en 2021.
A mon avis, le film tient seulement grâce à la présence hypnotique de Ana de Armas qui est peut-être celle qui a le mieux compris la fragilité du personnage, de par le récit parfois confus, de ses changements d'humeur, de sa quête éperdue d'amour et de maternité. Un récit où elle sera bafouée par les hommes, y compris le président Kennedy qui la forcera à faire une gâterie, qu'on voit in extenso, scène assez dérangeante par ailleurs. Car il ne faut pas oublier que le film est interdit aux moins de 18 ans, non seulement pour le sexe, mais aussi pour le portrait scabreux de l'actrice qu'on voit souvent dans des états seconds à force de consommation d'alcool et de médicaments.
J'aime bien le procédé de ne pas faire le biopic classique, car en fin de compte le cinéma est peu présent, mais il est vraiment dommage que Andrew Dominik s'aime autant et que ça se voie à l'image. Car sinon, comment expliquer ces flous, ces plans décadrés, ces multiples réflexions du soleil, le passage soudain du noir et blanc à la couleur dans le même plan.
Au final, ça n'est pas un film sur une star, mais c'est plutôt tarte. Et par pitié, qu'on arrête avec la durée de près de 3 heures...