Imaginez que vous vouliez faire un film sur un sujet nécessairement populaire. Vous serez attendu au tournant, ben oui ; une option peut être d'y aller à fond sur le contraste. Ainsi, vous remuerez les pro et les anti, vous ne laisserez personne indifférent.
Blonde, de Andrew Dominik, peut ainsi se critiquer simplement : on prend une feuille blanche, on trace un trait vertical - à gauche les moins, à droite les plus.
Commençons par ces derniers: les +
- La prestation des acteurs est impeccable, à la hauteur du casting : Ana de Armas, Adrien Brody (houuu!, Bobby Cannavale, et la trop méconnue Julianne Nicholson dans le rôle de la mère frappée-frappante (on l'avait vu dans Masters of Sex, dans un rôle également touchant entre psycho-rigide et grande détresse) ;
- une maîtrise esthétique, ambiances plateaux, sensualité, N&B, couleurs (les passages de l'un à l'autre, en revanche, posent question) ;
- des astuces scénaristiques et mise en scène renforçant la solitude de Norma Jean et l'impression d'être dans sa tête, qui fonctionnent bien (close up, son a minima sur les scènes de foule).
Mais il y a les -
- Pourquoi est-ce que Norma Jean pleure tout le temps? (Mais vraiment tout le temps.)
- Pourquoi de si grosses ficelles (Daddy, le vrai, l'absent, et Joe DiMaggio)?
- Pourquoi ne vit-on qu'une impression de drame, pas même un instant de liberté et/ou de joie alors que - par exemple - Norma Jean vit une relation amoureuse en trouple ?
- Le foetus culpabilisant qui parle, c'était pas la peine, surtout en ce moment.
Après dix minutes, j'étais fascinée.
Après une heure, je m'ennuyais.
Après 2h46, j'écrivais une critique qui disait que pour faire un film à succès, le mieux est de choisir un sujet populaire et de miser sur le contraste.
(Accessoirement, on peut tourner le dos à Blonde et revoir Some Like it Hot)