En 1983, le slasher Massacre Au Camp D'Été marque indéniablement l'esprit des adeptes du genre avec son héroïne transgenre. Tout juste âgée de 13 ans, Angela Baker, incarnée par Felissa Rose, se hisse au rang d'icône lors de la finalité d'une œuvre indépendante qui aurait pu sembler être une énième resucée de Vendredi 13. En s'avérant être nettement moins anodin que son modèle, Massacre Au Camp D'Été a gagné son statut de film culte au fil des années et reste aujourd'hui le premier épisode d'une franchise totalement improbable.
25 ans après l'atroce massacre perpétré dans le camp de vacances Arawak, Blood Camp délaisse les aventures contées dans le second et le troisième opus pour opérer un retour aux sources bien plus inspiré par le premier chapitre. Enfin "inspiré" reste un grand mot tant les personnages sont excessivement abêtis, adultes comme adolescents, au sein de cette colonie de vacances restée fermée durant un quart de siècle après les sanglants exploits de la petite Angela. Rebaptisé Manabe, le camp rouvre ses portes pour une cohorte d'ados brutalement abrutie, dont Alan, un lourdaud bien peu attachant qui harcèle les plus faibles avant que la situation ne se retourne contre lui. Même la "final girl", nommée ici Karen, est bête comme ses pieds. Bref, rien ne va en ce sens et c'est dans cet univers tristement débile que Robert Hiltzik, déjà responsable du film original, va s'amuser à dézinguer son casting en arborant un humour noir plutôt inattendue et un message pertinent à propos du harcèlement et ses douloureuses conséquences.
En ce sens, Hiltzik n'y va pas avec le dos de la cuillère en s'inspirant sûrement des sadiques mises à mort de la franchise Saw pour éliminer des protagonistes qu'il présente tels des antagonistes. Avec une tête plongée dans une friteuse, un pénis violemment arraché, une défiguration aux barbelés ou encore un visage dévoré par des rats, tout un arsenal de barbarie s'affiche allègrement en navigant entre des scènes qui proposent humour potache et sévices psychologiques, les deux points fondamentaux donnant naissance au harcèlement. La férocité est telle que je me suis posée la question quant à savoir si Hiltzik n'avait pas lui-même été victime de harcèlement lorsqu'il était adolescent...
Quoi qu'il en soit, le film eut une post-production compliquée. Achevée en 2003, l’œuvre connut des déboires avec ses effets spéciaux numériques et quelques scènes jugées médiocres qui durent être retournées pour satisfaire pleinement l'équipe de production. 5 ans plus tard, un distributeur s'intéressa enfin au film et l'édita sous forme de DTV.
Un curieux destin pour une œuvre qui n'est ni foncièrement ratée, ni pleinement réussie.