Partant d'un postulat de base très axé cinéma d'auteur trash à la Kim Ki-Duk ce film vire au slasher sauvage et se perd alors dans une sorte de surenchère pas suffisamment maîtrisée pour toucher à l'essentiel.
Remarquablement bien filmé et dirigé dans son premier tiers, après une intro un peu hors sujet, ce Blood Island (Bedevilled) se révèle au final trop écartelé et tombe dans le démonstratif circonstancier de manière trop outrancière pour emporter totalement l'adhésion.
Après une heure, on se dit que l'on tient là un film rare et plutôt bien réalisé par son auteur, montrant le désarroi d'une femme que les habitants de cette île réduisent à l'état d'animal, la maltraitant en l'insultant et en la battant de façon permanente, une sorte de défouloir pour rednecks pervers. C'est quand sa seule raison d'accepter et d'encaisser les coups disparaît, son enfant, la chair de sa chair, qu'elle se transforme en ange destructeur à la méthode disons plutôt tranchante, elle taille dans le "vif" à l'aide d'une serpette (objet redondant dans le genre slasher), et passe de proie à prédateur massacrant joyeusement la majeure partie des autochtones peuplant cette blood island.
C'est alors que la surenchère, pas obligatoirement dans l'excès d'ultra-violence, plutôt réussie graphiquement par ailleurs, s'installe, et que l'excès de démonstration vient gâché ce qui avait été plutôt bien amené jusqu'alors. Comme si le réalisateur ne trouvait dans ces exagérations une façon de cacher son manque d'inspiration pour conclure en beauté. On aurait dû s'arrêter là. Malheureusement ça continue en dehors de l'île pour une conclusion disons le assez pathétique qui fait retomber le film dans la série B de faible niveau.
Malgré une introduction inutile, avec ce personnage féminin, cadre de banque qui fuit son quotidien pour aller se réfugier dans l'île de son enfance, sorte de fil conducteur totalement vain qui n'apporte rien à l'histoire, et un final catastrophique faussement jusqu’au-boutiste, ce film est plutôt réussit formellement et réussit quelque fois à surprendre par deux, trois idées bien amenées et des interprètes plutôt convaincants.
Ce qui aurait pu s'avérer une vraie œuvre viscérale qui remue et fait réfléchir, s'avère finalement qu'une sympathique tentative de cinéma de genre intelligent ou de film d'auteur empruntant les codes du film de genre de manière trop évidente, car trop caricaturale.