Rétrospectivement, je suis hilare à l'idée que certains aient pu fonder de grands espoirs sur ce film. Le visionnage devrait être d'autant plus mémorable pour eux que le mien puisque je n'en attendais rien. Et même dans ce cas, ce fut épouvantable.
Initialement, il y avait un beau projet. Celui de voir l'un des gros bras du cinéma d'action se glisser dans la peau d'un super-héros...D'accord, c'est vrai que le genre a perdu presque tout intérêt depuis plusieurs années. C'est vrai aussi que le talent de Vin Diesel ne sort que rarement de sa cachette. La dernière fois, c'était pour Un jour dans la vie de Billy Lynn et ça remonte à 2017. Il va falloir songer à lancer des avis de recherche, parce que la situation devient réellement dramatique pour l'acteur. Bon, quoiqu'il en soit, l'idée promettait au moins une bonne heure quarante de mâchoires serrées et d'action décomplexée.
L'illusion tient à peine dix minutes. À l'origine, Bloodshot est l'adaptation d'un Comics. En réalité, il s'agit d'un remake clodo de Robocop. Dépourvu de culot, de talent ou de budget, le film de Dave Wilson souille honteusement le classique de Paul Verhoeven avec une incompétence visible à tous les niveaux.
Passons donc sur le script, sûrement extirpé d'un broyeur à papiers jamais nettoyé depuis 1987. Ce qu'il vous propose c'est du recyclage bas de gamme de tout ce que vous connaissez déjà. Et quand je dis bas de gamme, c'est un euphémisme. Les enjeux sont aussi nullissimes que les rebondissements, tous plus prévisibles et idiots les uns que les autres.
Sur un plan technique, c'est simplement pitoyable. Pour vous donner un ordre d'idées, les décors se limitent à un entrepôt, deux-trois bureaux et un cagibi. J'en rajoute à peine. Tout le budget a dû passer dans le salaire de Vin Diesel, je ne vois pas d'autre explication. Bloodshot a l'allure d'un film fauché, rafistolé avec trois ficelles et du ruban adhésif. Quand on s'attaque à la réalisation, ça n'est guère mieux. Les séquences d'action sont atroces, multipliant les ralentis-accélérés clippesques, le découpage insensé, la photographie aux abois et les effets spéciaux périmés. Il y vingt ans, on l'aurait déjà qualifié de ringard. Alors imaginez aujourd'hui...
Terminons par la distribution, qui réussit la performance d'afficher un niveau de crédibilité proche de zéro. Non, je sauverai Guy Pearce, toujours impeccable (ce qui devrait lui valoir une légion d'honneur). Les autres sont soit pas investis soit pas crédibles. Mais Vin Diesel est sûrement celui qui fait le plus fort ici, trimballant sa silhouette de bodybuilder à marcel grotesque dans un état de léthargie avancée.
Tout cela pourrait être bien triste, mais force est de constater qu'un tel amoncellement de foirades a le don d'amuser le spectateur masochiste. Et à ce titre, c'est particulièrement drôle. Il faut avouer que Bloodshot n'a pas ménagé ses efforts pour grossir les rangs des pires films de 2020. Au moins, ça aura fait travailler des gens, disons-nous ça.