Face à Dune (701 séances) et à L'origine du monde (478), Blue Bayou fait office de poids léger (68), en sa semaine de sortie, mais nul doute qu'il trouvera son public, sinon en salles, du moins sur tous les petits écrans où il sera proposé à l'avenir. Les seuls effets spéciaux du film Justin Chon sont ceux de l'émotion et il est vrai que le réalisateur et acteur principal de ce mélodrame n'a pas lésiné sur le poids des maux, au risque de l'overdose lacrymale, notamment dans une scène finale beaucoup trop démonstrative. Le scénario aurait pu s'affranchir de plusieurs sous-intrigues (le premier mari, les flics, la malade vietnamienne) et se concentrer sur l'identité de son héros (jamais présenté comme un saint), né en Corée, adopté par une famille américaine et sur le point d'être expulsé à cause d'une faille juridique. C'est quand il se concentre sur sa famille recomposée que Blue Bayou atteint sa plus profonde humanité, débordant de générosité et de compréhension. Justin Chon ajoute quelques touches oniriques et parvient parfaitement à montrer les liens qui unissent des proches qu'une décision inique met à mal. Le film en rajoute, certes, et même beaucoup, mais impossible de rester de marbre devant ce récit; par moment poétique qui sait aussi capter la langueur des paysages de Louisiane. Au côté de Justin Chon, Alicia Vikander montre à nouveau qu'elle est une interprète de première classe et la petite Sydney Kowalske impose une incroyable présence avec une sobriété magnifique.