Qu'elle est belle et bien lovée, Jasmine, auprès de son mari fortuné, qu'elle aime s'y complaire, de cette glorieuse richesse. Et quelle n'est pas sa surprise quand sitôt sa vie comblée s'écroule son mariage, véritable pilier de son confort. La voilà qui joint San Francisco pour pleurer auprès de sa soeur Ginger, bien moins lotie qu'elle, mais riche d'une existence libre de tout artifice...
Brushing impeccable, justesse de jeu équivalente, des yeux bleus comme le ciel et regard hypnotique. Cate Blanchett devient comme par évidence la nouvelle muse de Woody Allen, et fournit un personnage intensément agréable à contempler. Hystériques, paranoïaques ou psychotiques, les héros Alléniens sont à ceci près fascinants qu'ils sont souvent des femmes, qui doutent, tombent puis se relèvent.
Toujours très à l'aise dans la comédie de mœurs, le cinéaste vogue tranquille dans l'indémodable sobriété qui fait son charme, parmi dialogues animés, truculents détails et bande-son taquine. La narration quant à elle, se veut pertinente, puisqu'elle alterne de manière efficace le passé aveugle et le présent réaliste de l'héroïne, décidément captivante grâce à Cate Blanchett, dont les traits épousent à merveille les nombreux états d'âme de Jasmine.
Et malgré le trouble d'une fin quelque peu abrupte, l'on garde tout de même à l'esprit la valeur du propos, lequel dichotomise la place de l'argent dans le couple comme dans beaucoup de films, mais reste capté comme nulle part ailleurs. Du Woody farceur, on retrouve toute l’espièglerie, du Woody réaliste, on retrouve tout le génie. De ce Woody-ci, le talent nous tiendra en Allen.