La violence psychologique chez les nantis, ça existe. La majorité du temps, j'ai énormément de mal à l'éprouver, à cause du problème d'identification. Par exemple, dans le film Comme une image de Bacri et Jaoui, Marilou Berry a le blues, entre autres parce que son père, chef d'orchestre, la néglige. Dur dur de compatir à ses malheurs tandis qu'elle geint dans un café huppé parisien.
Woody Allen réussit ce tour de force. Le spectateur s'apitoie sur le sort de Jasmine, veuve d'un millionnaire tombé pour escroquerie. Car Cate Blanchett a un rôle servi sur un plateau d'argent, et elle en profite pour nous démontrer toute l'étendue de son talent. De si haut, la chute est très très dure. La comparaison avec la vie de sa sœur, caissière, amoureuse de loosers, rend les choses encore plus amères.
Sous des dehors légers, parfois rigolos, Blue Jasmine cache un drame émouvant et repose s'il le fallait encore les bonnes question : être heureux, ça veut dire quoi ? Qu'est-ce qui est important ?
S'il y avait une petite chose à redire, c'est peut-être la confrontation entre les deux sœurs adoptées, qui n'a pas vraiment lieu. Leur relation est certes pleine d'amour, mais demeure superficielle.