On pouvait le croire « has been », enchaînant les films moyens, en manque d’inspiration au point de puiser ses idées dans ses anciennes productions, tournant un peu en rond, depuis « Match point », au gré de ses escapades européennes… Mais ça y est ! Woody Allen nous revient ! Autant en force qu’en forme. « Blue Jasmine » est vraisemblablement l’un de ses films les plus aboutis. Il faut dire que le réalisateur n’est jamais aussi bon que lorsqu’une muse l’inspire… Diane Keaton, Mia Farrow, Scarlett Johanson et ici Cate Blanchett à qui il offre son meilleur rôle.
Jasmine, parée de toutes ses impostures, lutte et se débat pour un idéal, certes qui peut paraître illusoire, mais qui est le sien… Comme l’écrivait Maupassant, « la réalité implacable la conduirait au suicide si le rêve ne lui permettait d’attendre ». Et Woody Allen raffole de ce genre de sujet, ambigu à souhait. En virtuose, il filme avec une incroyable lucidité cette femme en perdition, au bord de l’exclusion, qui malgré ses nombreux travers provoque l’empathie. Car on aime Jasmine, tout autant que Cate blanchett qui lui donne vie, tant elles sont indiscociables. Un grand film ! Aussi cruel qu’attendrissant.