J'ai toujours aimé Woody Allen : son univers, les thèmes abordés, son esthétique. Il y a certainement des films meilleurs que d'autres mais je me surprends toujours à complètement me laisser bercer au bout d'une vingtaine de minutes quand bien même avant d'entrer en salle je suis méfiante. Blue Jasmine n'échappe pas à cette règle.

Bon, on fait le topo : Jasmine, cinquantenaire au mari millionnaire voit sa vie s'effondrer du jour au lendemain sous l'emprise du fisc, elle déménage chez sa soeur, à San Fransisco dans un appartement modeste où vivent par ailleurs ses neveux.
C'est intéressant de mettre en scène une rencontre explosive entre deux classes sociales, deux milieux différents. Entre la West Coast et l'East Coast aussi : le conflit est vraiment complet, bien qu'illogique au premier abord : c'est sa soeur mais elles sont loin de se ressembler, elles sont américaines mais c'est tout juste si elles parlent la même langue.
On sent avec l'évolution du film que ce quelque chose qui nous fait rire à la première scène (Jasmine raconte sa vie à une vieille dame dans l'avion) devient de plus en plus palpable et sombre, malsain. La folie, déjà suggérée dans les flashbacks se confirme cruellement à mesure que le protagoniste se débat pour s'en sortir. Le conflit interne est ici très bien bâti en ce sens : il évolue progressivement. Le fait d'être une belle femme est difficile à vivre en société, et c'est cela qui en plus des méandres sombres de ses souvenirs contribue à cette folie.
Une petite parenthèse sur le jeu de l'actrice qui est tout simplement formidable : la douleur, la confusion deviennent palpables.

Pour finir, je ne suis pas fan de la teinte jaune de certains plans, cependant les mouvements de caméra sont très parlants (plans qui bougent, suggèrent la déstabilisation...), les plans séquences sont aussi bien pensés. L'utilisation de flashbacks dont l'esthétique est très proche de celle de l'histoire originelle est un choix excellent qui nous plonge dans l'incertitude, celle de Jasmine : Est ce que je suis dans le passé? Dans le présent? Bref, les choix de mise en scène nous ramènent bien à toute la dimension psychotique et intérieure du personnage principal, c'est un travail réellement poussé esthétiquement comme du point de vue sonore (Blue moon qui revient plusieurs fois, comme pour faire un peu penser au nostalgique Casablanca et son As time goes by....).

Merci Woody, encore un bon moment passé grâce à toi.

PS : C'est aussi une belle manière de redécouvrir San Fransisco, par contre je ne sais pas comment ils ont réussi à avoir du soleil là bas.... ça devait être beau le tournage ahaha.
Lya_Diverchy
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le 22 sept. 2014

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Lya Diverchy

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