Quel pied, mes amis, mais quel pied ! Imaginez-vous revenus à la grande période des frères Coen, celle des « Blood Simple », « Fargo » et autres « Miller's Crossing », et vous comprendrez le bonheur qui m'a parcouru durant les 90 minutes de « Blue Ruin ».
Mise en scène d'une précision à couper au couteau, scénario redoutable, intensité maximale, photographie crépusculaire et une bonne dose d'humour (très) noire pour couronner le tout : Jeremy Saulnier se joue avec brio des codes habituels pour nous offrir une œuvre redoutablement intelligente et cynique sur la vengeance, pointant avec un talent éblouissant
l'absurdité d'une telle démarche et surtout les conséquences désastreuses qu'elles engendrent inévitablement, au-delà de son simple aspect peu « moral ».
Tout est cinéma, de l'étonnant personnage principal pris dans un engrenage qu'il ne maîtrise que très relativement aux situations remarquablement pensées et brillamment écrites... Ainsi, ce qui n'aurait pu être qu'un insignifiant thriller de plus devient dans les mains du jeune cinéaste une œuvre majeure, l'une des plus belles et marquantes vues en cette années 2014. Magistral.