Assez client des romances, celles qui choisissent et assument pleinement le premier degré, ce Blue Valentine m'a forcément plu.
D'abord, parce que Cianfrance filme ce couple tout en retenue, avec une certaine pudeur, et sans surenchère de pathos. D'un réalisme assez fort, le réalisateur va droit au but et brise les tabous : il ose aborder des sujets qui concernent chacun de nous.
Ensuite, parce que le duo Michelle Williams/Ryan Gosling donnent entièrement vie à leur personnage, une incarnation saisissante, totalement envoûtante. Si on connaissait la fraîcheur, la beauté et la justesse de M.W, c'est surtout Gosling qui crève littéralement l'écran. D'un simple jeu de regard, il est capable de tout renverser sur son passage et de dégager une puissance qui ferait pâlir un James Dean. Le jeu d'acteur oblige chacun d'eux à passer par toutes les émotions imaginables et le rendent très bien aux spectateurs. Une performance remarquable, sans quoi Blue Valentine perdrait en intensité, en intérêt.
Si le début est un peu longuet (tout ce qui concerne leur chien est assez ennuyeux), la mise en scène intelligente et astucieuse permet d'user et d'abuser de flashbacks qui permettront de reconstruire leur relation amoureuse. On peut également relever la capacité étonnante pour le réalisateur de mener sa caméra : toujours plus proche des acteurs, elle virevolte, elle vibre, elle tourne en rond...tout cela dans le seul but d'entrer au plus près dans l'intimité du couple.
Mais ce n'est pas tout, car tout ce qui entoure le film participe à sa réussite : notamment une photographie sublime qui capture des moments magiques, et une musique douce et rêveuse qui nous emporte à chaque instant (je parle bien évident de "leur" morceau, "You and Me", interprété par Penny & The Quarters)...
Autant d'atouts qui font que Blue Valentine vous trottent dans la tête bien après son visionnage. Signe évident d'une belle prouesse.