Blue Valentine est une romance qui choisit d'exposer les vicissitudes de la vie amoureuses au travers de deux époques lointaines et contraires : le début et la fin. L'amour, puis la haine. Leur naissance.
Ces deux naissances filmées par l’œil de Derek Cianfrance se ressemblent un peu trop : ce qui est magnifique dans le coup de foudre devient alors terriblement triste quand on voit se qui est arrivé dans le futur des deux protagonistes. Effectivement, la haine entre les deux amants naît comme est né, un jour, leur coup de foudre : sans raison. Car jamais on ne sait pourquoi la femme s'est mise à détester l'homme. Démonstration simple mais réaliste de la déraison amoureuse où on ne comprend jamais pourquoi l'autre veut partir et oublié l'histoire passée.
La justesse du non-sens amoureux montré dans Blue Valentine se trouve dans une dernière nuit où l'un tente de tout sauver. Cette dernière tentative, alcoolisée, se passe dans la chambre "futuroscope" d'un motel froid et vulgaire, une chambre triste et sans fenêtre, métaphore du non-avenir de leur amour où il n'y a d'autre issue que la porte fermée sur une réalité refusée essentiellement par l'homme. L'échec, leur seule échappatoire. Mais pourquoi ? Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Jamais on ne saura, cela est frustrant. L'échec... Pourtant, entre eux deux existe un lien censément indestructible : un enfant. Ce cadeau de la nature qui devrait les unir pour toujours ne peut rien sauver. L'amour n'a ni règle, ni logique. Rien ne peut le faire exister si ce n'est le hasard du cœur.
En dernière image, Cianfrance offre une déchirure entre un père et sa fille qui, eux, pourtant, s'aimaient. L'amour, quel qu’il soit, n'est qu'une braise destructrice dans son évanescence, voilà ce que Blue Valentine raconte.