Bob le flambeur, ancien gangster rangé des voitures, est un joueur. On le voit au petit matin sortir des bars ou des clandés, arpentant Montmartre et Pigalle endormis, son territoire.
Longtemps, Jean-Pierre Melville donne l'impression de réaliser une chronique de moeurs surla faune montmartroise, celle des noctambules et des mauvais garçons. Mais son récit, sans toutefois s'éloigner de ce microcosme typique, prend un nouvel essor lorsque, lessivé au jeu, Bob envisage de braquer le casino de Deauville. Un retour aux affaires en somme.
On retrouve ou on découvre dans "Bob le flambeur" le style rigoureux de Melville et ce ton désenchanté qui annonce, comme toujours chez le cinéaste, un
dénouement malheureux
pour les protagonistes. Comme une façon de tragédie attachée aux figures de la pègre. La narration, dépouillée et réaliste, se nourrit des figures et du langage de Paname sans tomber dans le pittoresque.
Des acteurs de ce polar, film noir emblématique des années 50, on retiendra ce fameux Bob (Roger Duchesne), malfrat pas dépourvu de valeurs morales, et aussi Anne, un rôle secondaire composé par la méconnue Isabelle Corey à la beauté troublante et atypique.