"Body Snatchers" cuvée 1993 semble avoir été aujourd'hui un peu oublié, au profit des deux adaptations précédentes, plus réussies. Celle de 1956 et son remake de 1978.
Pourtant, force est de constater que pour un remake de remake, la version d'Abel Ferrara propose des idées intéressantes. Déjà, on change à nouveau de cadre. Après les petites villes californiennes, puis San Francisco, tout le film se déroule ici dans une base militaire. Avec le jeu sur le fait que les soldats sont déjà censés se comporter comme des robots sans émotions, donc le moment où ils sont remplacés par des doubles sans âmes est plus difficile à déterminer. Et peut-être un message politique aussi...
Ensuite, Abel Ferrara adopte une approche plus sombre : il fallait le faire, les deux précédents n'étant pas vraiment des films légers ! Avec quelques scènes horrifiques bien réussies. Et un aspect plus organiques des fameux cocons. Ici, pas de remplacement instantané de corps comme dans la version de 1956 (ce qui était certes terrifiant mais peu plausible). On nous détaille un peu plus le fonctionnement du remplacement des humains, plus lent mais tout aussi violent, et surtout plus réaliste. L'occasion de quelques séquences graphiques dérangeantes.
Néanmoins, cette version souffre de quelques défauts qui ne l'ont pas aidée à se faire un nom. Des personnages relativement superficiels : ça va encore avec l'héroïne, mais le pilote d'hélicoptère est complètement générique. Et interprétés par des acteurs lambdas, si ce n'est Forrest Withaker qui a 2 scènes, et le vétéran R. Lee Ermey.
Un scénario étrange, dont il semble manquer des rouages. On voit régulièrement nos héros échapper comme par magie à une armada de poursuivants, alors qu'ils sont censés être dans une base militaire verrouillée par l'ennemi ! C'était bien la peine de reprendre le gimmick du film de 1978, avec les remplacés qui hurlent en pointant du doigt les humains survivants. Le dernier acte et le final sont par ailleurs particulièrement expédiés.
Bref, ce n'est pas déshonorant, loin de là même, mais je lui préfère allègrement ses deux grands frères.