En lisant le synopsis on se dit « tiens un nouveau film français qui fait intervenir un acousticien » à l'instar du Chant du loup — la comparaison s'arrête pourtant assez vite : Le Chant du loup était un drame très technique et qui visait le réalisme là où Boîte noire vire dans le thriller paranoïaque. Le film est porté par un jeu d'acteur solide et un très bon rythme, avec une bonne réalisation au global. Certains plans de caméra sont très intéressants, comme par exemple ces oppositions entre des plans larges de personnages perdus dans l'immensité des garages d'aéroport ou au contraire ces plans très rapprochés de l’acousticien oppressé dans sa cabine d'écoute.
Moins technique que l’Oreille d’Or François Civil, Pierre Niney nous embarque bien dans son quotidien à la fois technique et politique, car l’analyse d’un crash est un sujet hautement sensible. Technicien acharné, sa quête d’une vérité dissimulée tourne à l’obsession, et fait de nombreux dommages collatéraux, son couple et sa santé mentale en premier.
Le film s’oriente un temps vers une dénonciation du système qui aurait pu être un excellent écho au scandale des Boeing 737 MAX, mais change encore d’avis pour un antagoniste beaucoup plus manichéen et banal. Le film enchaîne trop de rebondissements, perdant peu à peu de sa crédibilité, mais aligne également de nombreuses incohérences. On se demande régulièrement « pourquoi faire ça ? », « Comment ne peut-on apprendre ça que maintenant »… et autant d’autres questionnements qui nous sortent progressivement du film. Les personnages sont assez clichés (en particulier le « méchant ») et le final est d’une banalité totale, avec cette révélation grand public pile poil au « bon moment ».
On ressent également cette envie de trop en dire, de partir dans tous les sens, de citer tant d’autres films. Boîte noire souffre du syndrome de l’imposteur et surcompense, transformant un bon divertissement sympa une accumulation caricaturale.