Mathieu est analyste acoustique au BEA, et doit travailler sur une affaire particulièrement sensible. Le crash meurtrier d'un long-courrier flambant neuf. S'il semble au départ ne faire qu'une bouchée de la boîte noire, cet accident va vite l'obséder, se révélant plus complexe que prévu...
Le protagoniste, sorte d'oreille d'or, peut faire penser à celui du "Chant du Loup". Cependant "Boîte Noire" se rapproche en réalité des thriller paranoïaques acoustiques des années 70. "Blow Out" et "The Conservation" étant clairement référencés. On suivra ainsi la descente vers la folie de Mathieu, à mesure qu'il pense détricoter un complot qui n'en est peut-être pas un. Il est interprété par un Pierre Niney convaincant et sobre dans ce rôle d'expert qui tend à trop écouter son instinct.
Mais la première qualité du film est sa mise en scène. Dès le départ, avec ce plan séquence déambulant montrant un crash aérien se focalisant sur le son, Yann Gozlan fait preuve d'une réelle maîtrise et d'une certaine inventivité. Le réalisateur joue régulièrement sur les sons et une mise en scène froide pour évoquer de manière chirurgical et réaliste l'univers de l'aviation civile, tout en maintenant la tension sur son protagoniste... et l'attention du spectateur !
L'autre attrait principal est le scénario. Outre l'intrigue tortueuse jouant avec les clichés et les fausses pistes, et ne baissant pas le rythme en 129 minutes, "Boîte Noire" dispose d'une écriture pertinente. Entre deux références explicites à des événements récents de la filière aéronautique (affaire du 737 MAX...), on y évoque ses différents acteurs (compagnies aériennes, concepteurs, contractuels, autorité de régulation, BEA...), et leur relation qui peuvent aller des tensions à la connivence. Et oui, souvent les ingénieurs de différentes entités sont des camarades de promo !
En résulte un thriller intelligent et efficace, qui montre que Yann Gozlan est à suivre, après un "Burn Out" déjà emballant.