Anatomie d'un tube, ce fameux Bolero dont l'aura a depuis l'origine fasciné, bien au-delà du monde de la musique classique, ou bien biopic d'un compositeur très mal connu, tellement exigeant envers lui-même, le film d'Anne Fontaine tente de jouer sur les deux tableaux, l’œuvre et l'homme. Certains spectateurs se souviendront peut-être du formidable Ravel de Jean Echenoz, un livre fulgurant dans sa brièveté, qui ne racontait pas une vie mais essayait de capter son essence, avec brio. A l'opposé, même si le mystère Ravel demeure en grande partie, notamment grâce à la sobriété d'un excellent Raphaël Personnaz, le film cherche sans cesse à éclairer l'inexplicable comme la création artistique et à montrer, ce qui est plus intéressant, en quoi sa pièce musicale la plus emblématique, aux yeux du monde, n'est absolument pas représentative de sa carrière ni de son talent. Totalement dépourvu de rythme et assez mal agencé entre ses différentes époques, Bolero fait aussi la part belle à quelques-unes des femmes qui ont entouré Ravel, pour mieux comprendre que la plus importante était bel et bien sa mère, mais peine à rendre passionnante une existence peu flamboyante d'un artiste tourmenté (lieu commun ?) et qui n'avait d'ailleurs, jusqu'alors, peu inspiré le cinéma, pourtant très amateur des vies de compositeurs.