Boléro
5.5
Boléro

Film de Anne Fontaine (2024)

Bien que le scénario aux dialogues bien écrits ne soit pas vraiment conforme à la réalité et prenne certaines libertés avec la vie de Ravel, (Raphael Personnaz, excellent et physiquement souvent très proche) bouleversant même la chronologie, j'ai eu un plaisir infini à suivre ce compositeur qui a toujours été tenu pour discret, sensible, et bien que très secret, empreint d'une profonde humanité ce qu'attestent tous ces liens, qu'ils soient professionnels, amicaux ou encore privés et secrets, lorsque par exemple, il se rendait dans les maisons closes.

Pour Boléro, la composition n'a pas été du tout longue et pénible contrairement à d'autres œuvres, mais le choix de la réalisatrice de montrer à travers cette création le processus de création minutieux, obsessionnel jusqu'à réécrire plusieurs fois certains passages afin d'atteindre à la perfection, résume ce qui s'est passé pour le Tombeau de Couperin par exemple, dont chaque pièce est dédiée à un ami mort pendant la première guerre mondiale. Rien ne prouve non plus qu'il y ait eu entre Misia Sert (Doria Tillier) et Ravel un sentiment amoureux - les deux entretenaient une amitié profonde- mais je trouve que toute cette partie du film aux dialogues souvent spirituels, met bien en lumière la volonté du très secret Ravel ne pas s'engager amoureusement parlant, - pudeur, peur, timidité, ou désir de rester libre de son temps pour la musique ? - ainsi que l'intérêt lui portaient les mécènes et le rôle de leurs encouragements à composer suivant son désir et non pour rechercher l'approbation des critiques ( le critique Lalo fils - l'excellent pianiste A Tharaud - qui passe dans le film est savoureux de méchanceté). Enfin, Jeanne Balibar en Ida Rubinstein, commanditaire du Boléro est comme toujours excellente et campe un personnage haut en couleur, ce qu'elle était. Là encore, certaines libertés ont été prises concernant les relations professionnelles et respectueuses qui existaient entre la danseuse et Ravel, mais cinématographiquement, les scènes sont de ce fait intenses en mettant en valeur leurs dissensions qui n'existaient pas en réalité car Ida avait toute confiance en Ravel ; il avait son accord pour créer le ballet dont elle rêvait sur deux mélodies uniques ( et non pas une, l'autre étant très orientale) qui prend une densité et une ampleur exceptionnelle grâce au génie de son orchestration.

Pour résumer, j'ai aimé la façon dont Ravel est raconté, la beauté de l'image, et la délicatesse des dialogues. L'extraordinaire musique de Ravel longtemps taxé de compositeur sans coeur, ponctue le film, et ce bel hommage m'a enchantée. Merci à la réalisatrice et à toute son équipe. J'ai revu le film trois fois en tout.

Valbeck
9
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le 8 nov. 2024

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Valbeck

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