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Il y avait l'homme au complet blanc
Façade immaculée pour mieux dissimuler
Ses drôles de manières et sa vanité.
Il déployait sa gouaille cavalière dans les saloons endormis
Y pratiquait un parler franc lustré de mots choisis.
Une fine gâchette, pas chiche à la distribution
Mister Brooder parcourait l'Ouest sans sommation.
Mais néanmoins sa stature,
D'incorruptible sans couverture
L'enrôla dans cette mission
À l'horizon d'une bien noire conjuration.
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Il y avait l'homme à la béquille de bois
Qui titube sans fléchir
Amputé de sa moitié, devenu vengeance
Il décida d'avancer, même à cloche-pied
Sur le lit de son malheur.
Mais long est le chemin, pièges et embuscades
Heureusement qu'il y a le Laudanum
Pour supporter les estocades.
Une halte s'imposa
Un songe forcé, à l'ombre d'un rocher
Le Stetson sur le visage, une cure d'obscurité.
Mister O'Dwyer reprit la marche en solitaire
Avec une seule raison d'être
Récupérer sa belle dame
Prisonnière du désert.
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Il y avait le vieil homme.
Qui jacte, piaille et bavasse
Car sa tête est cabossée
Et qu'il ne sait plus s'arrêter
D'égrainer sa parole de vieillard.
Le sermon à chaque détour
D'intention toujours louable
Mister Chicory répandait sa parole
Comme un flot intarissable.
Mais au coucher de son existence
Quittant derechef ses planches
S'aventurer une ultime fois
Vers les sentiers inconnus
Où sa carcasse de fidèle servant
Vieille carriole encore bien utile
Besognera avec sagacité
À débusquer les truands.
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Il y avait l'homme à l'étoile
La justice d'une ville paisible
Qui fut meurtrie dans son sommeil
Par des sauvages du bout de la carte.
Il dut se muer en chef de guerre
Le temps d'une chevauchée
Insondable aventure
Dans des contrées oubliées.
Mais Mister Hunt ne rechigna pas
Honorable et digne comme il faut
À mener sa bande loin des ranchs
Et des manières de son troupeau.
Mais trêve de causeries,
Stopper cette barbare machination
Déterrer ces loups de la nuit
De l'antre de l'abomination.
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La longue vue dévoila le sanctuaire
Une entrée sombre vers les tréfonds de la terre
Quel diable est à l'œuvre ici
Quel animal pousse de si grands cris
Pourrons-nous sauver nos hommes
Les arracher à cet enfer
Puisse dieu nous venir en aide
Il ne sera pas de trop dans cette affaire
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Mais le soleil détourna les yeux.
Nul ne sera témoin des événements relatés ici
Il faudra s'engouffrer loin des jours heureux
Explorer au fusil le caveau qui hurle sous la montagne
Y allumer la mèche avant le tranchant des lames.
Car notre destin ne peut se précipiter sous ces crocs.
Excaver le sol, exhumer les maraudeurs enfouis
Terrasser l'ogre écarteleur d'entrailles
Tapi dans l'ombre de la nécropole sauvage.
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