On se trompe totalement si l'on s'attend à voir un petit western sans budget ni travail.
Sans budget, j'ignore. Western, c'est juste une illusion, à cause de la période et du positionnement géographique à l'Ouest des USA. Petit film sans travail d'élaboration, là, je conteste énergiquement.
Bien au contraire, les spectateurs qui ont la chance de connaître peu ou prou les contes qu'on se narrait de génération en génération voici 2 500 ou 3 000 ans dans la Grèce antique, ceux-là, j'en suis sûr, repèreront dans ce faux western peut-être désargenté d'épatantes analogies avec l'épopée d'Ulysse narrée par Homère, le conteur aveugle et pourtant si fin observateur de l'homme, en tous lieux et toutes époques.
Comme un segment d’Iliade et d'Odyssée, Bone Tomahawk est un récit d'aventures déroutant, où le fantastique n'est pas une fin en soi (comme dans la SF), mais juste un hypertenseur très efficace. Comme l’Iliade et comme l'Odyssée, ça devient d'une minute sur l'autre toujours mieux que ce qu'on entend ou voit sur l'instant. Comme un épisode homérique, c'est simplissime et pourtant palpitant. Pas bavard mais bien causé, jusque dans les silences voulus (avec, bien dosées, une demi-douzaine de répliques d'anthologie, bidonnantes, et une autre demi-douzaine de réflexions sur les façons de considérer la vie, qui feraient d'excellents sujets à l'épreuve philo du bac).
Je ne crois pas être le seul qui, devant l'écran devenu noir au bout du générique de fin, se demandait encore comment ce film lui avait apporté tellement plus de satisfactions qu'il n'en attendait. De nos jours, c'est une exception.