Marion Vernoux ne choisit pas la facilité en prenant comme sujet de son nouveau film les conséquences post-accidentelles d’un traumatisé crânien sur la vie de son couple. Là où on aurait pu attendre de la tendresse, de l’émotion et une pointe d’humour, la réalisatrice prend des chemins de traverse pour le moins imprévisibles en bifurquant vers une comédie qui se veut potache et polissonne doublé d’un manifeste de la débrouille. Le résultat est complètement boiteux et le spectateur de plus en plus ahuri devant ce qui se passe à l’écran en vient à ne plus savoir sur quel pied danser. Proclamée comédie dramatique, « Bonhomme » n’est ni une comédie et encore moins un drame. Plutôt un film hybride qui se veut original et plutôt provocant mais qui part surtout dans toutes les directions sauf celles voulues. Car une chose est sûre, on ne rit quasiment jamais devant ce film et on n’est encore moins ému.
Dès le départ, quelque chose cloche. La réaction du personnage de Maryline face au coma de son petit ami est un temps soit peu étrange. On ne la sent ni émue ni impliquée. Difficile dès lors d’avoir de l’empathie pour ce qu’elle ressent. Cette sensation s’amplifie lorsqu’elle se réjouit de pouvoir toucher une assurance à la suite des incapacités au travail de son conjoint. Quant au comportement de Piotr au réveil de son coma, il est tout de même quelque peu excessif et étrange, bien qu’on espère que la réalisatrice se soit inspirée de patients réels pour écrire son personnage. En effet, la manière dont évolue leur couple paraît constamment dépourvue de logique, voire même ubuesque. Et plus « Bonhomme » progresse, plus le scénario prend des directions hasardeuses et dénuées de sens pour aller jusqu’à flirter avec le proxénétisme féminin. On peut rire de tout si c’est bien fait, on peut également traiter presque n’importe quel sujet par l’angle que l’on souhaite, mais la gaudriole et les blagues sous la ceinture qui s’égrainent plus le long-métrage avance nous apparaissent de mauvais goût et complètement à côté du sujet.
Si on sent l’interprétation de Nicolas Duvauchelle pleine de sincérité dans un rôle vraiment pas facile du tout, son Piotr est souvent à la limite du ridicule comme certains moments du film. Quant à Ana Girardot, elle s’en tire avec les honneurs. Si la direction d’acteurs et le script laissent à désirer, elle fait ce qu’elle peut avec ce qu’on lui donne. Et elle le fait plutôt bien, donnant à « Bonhomme » un côté terre-à-terre. Sans elle, et sachant que la parfois trop intense Sara Forestier était prévue à l’origine, on se demande si le long-métrage n’aurait pas fini par être complètement irritant. Alors il y a bien quelques jolies scènes (la scène du scooter, celles avec le médecin, …) et de bonnes idées (la sexualité débridée de Piotr, si cette partie ne finissait pas par prendre toute la place en dépit du bon sens) mais on a surtout l’impression que Marion Vernoux a perdu le fil artistique de son film. Soit elle est passée à côté d’un beau sujet à la fois drôle et tendre, soit elle n’a pas été assez loin dans l’originalité et le politiquement incorrect. Bref, un film raté mais pas dénué d’intérêt qui a le cul entre deux chaises.
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