C'est un film de Ozu et comme toujours on va retrouver Chishû Ryû et sa moust... bon sans sa moustache cette fois ci, avec bien sûr beaucoup de visages connus de ses films, dans un petit quartier du Japon.
La caméra est à hauteur d'homme assis. Les plans de caméra des décors sont les mêmes. L'histoire est simple, belle, réelle. On retrouve nos ivrognes préférés qui discutent dans les bars... Il n'y a pas d'erreurs, c'est un Ozu !
Il y a bien un temps d'adaptation au début, bah on ne vit pas tous dans le japon des année 50-60, mais une fois ce temps passé, ce film est un plaisir total à regarder ! Il y a les blagues de pets que tout le monde ne trouve pas forcément drôle, mais on peut parler des voisines médisantes de l’ivrogne qui se trompe de maison (si celui là n'est pas ivre mort dans un film d'Ozu, c'est qu'il y a un problème), de la vielle mère qui se débarrasse du vendeur itinérant en lui volant un crayon au passage, des gamins qui mangent de la pierre ponce et de la mère qui accuse des rongeur et pense y mettre de la mort au rats (direction toilettes comme dans le jeu Hitman?). Ou encore des gamins qui jouent aux espions pour voler le riz et le thé (encore un instant Hitman tiens). Ce même gamins qui boudent et croient faire de la résistance alors qu'ils n'y a qu'eux que ça dérange de ne plus parler et faire la grève de la faim. On regarde la naïveté des enfants avec notre regard d'adulte et on sourit...
Le film est drôle, simple, rafraîchissant et ça même sans les blagues de pets (dont les gens ne sont pas toujours fans). Mais sous-estimer la force de ces blagues là serait une grave erreur ! La scène qui m'a vraiment donné un fou rire juste après le film en y repensant, c'est la scène du mari qui pète, la femme accourt parce qu'elle croit qu'il l'appelle.. elle repart... il pète à nouveau, elle revient, et lui enchaîne comme si c'était sa femme qui l'avait interpelé. Alors ça parait idiot de trouver ça drôle dit comme ça... mais ça me rappelle juste tellement mon père... j'y peut rien c'est personnel ! Il pète, ma mère lui fait la remarque, comme il est vieux et sourd il a pas compris ce qu'elle disait et répond de manière anodine quelque chose qui n'a rien à voir... voilà N'allez pas raconter ça à tout le monde hein !
Ce film c'est ça ! Des petites scènes de la vie courante, anodines, on y voit une vie qui pourrait être la notre, à peu de chose près (on vit pas le japon des année 50 etc. etc...). On rentre dans leur quotidien, et on rigole de choses simples, comme dans la vraie vie.
En plus de ça, il y a bien sûr l'histoire d'américanisation avec cette télévision venu de l'occident et qui menace d'abrutir les japonais ! On est toujours dans un contexte d'après guerre, où après la défaite contre les Etats-Unis, la culture occidentale vient envahir celle des perdant. Un invasion encouragés par les enfants qui sont nés dans cette américanisation, qui demandent naïvement d'avoir la télévision, et qui ont aussi dû demander le hula-hoop avec lequel le plus jeune s'amuse quand ils ont enfin la télé. Les expressions anglaises pullulement de la bouche des enfants... ce qui rend ce film toujours actuelle en quelque sorte, dans la mesure où maintenant, l'américanisation on appelle ça du soft-power (c'est ce terme la qu'on m'a appris à l'école, tout comme l'anglais...). D'ailleurs on devrait appeler ça l'états-unisation, j'ai déjà corrigé mon prof d’histoire au lycée... il avait écrit américain au lieu d'états-uniens alors que ça n'avait aucun rapport avec les canadiens, les mexicains, les argentins, les guyanais (qui eux sont français d'ailleurs), les cubains, les brésiliens, les guatémaltèques (oui, on dit comme ça), les honduriens, les chiliens, les bon d'accord j'arrête....
Pour finir, on peut parler du titre du film "Ohayo". "Bonjour", "Au revoir", "merci","ça va ?", "Il fait beau temps, vous ne trouvez pas" et toutes ces choses qu'on dit quand on parle pour ne rien dire mais qui huilent toutes conversations (au Japon en plus c'est pire). Elles sont systématiques pour faire la discussion mais inutiles pour parler des choses importantes... comme avouer son amour (le prof d'anglais c'est ton moment). On a cette histoire d'amour, simple, qui passe à travers leur regards... Et puis la scène de la gare, où tout ce qu'ils arrivent à dire c'est "Il fait beau temps [...] il est intéressant ce nuage [...] il fait beau n'est-ce pas ?". Voilà donc ce qu'on appelle parler de la pluie et du beau temps.... Les choses essentielles, elles, se feront languir encore un peu...