Ozu réalise une comédie espiègle, voire triviale par moments, qui se déroule dans une petit ville ou un coin de banlieue indéfini. Les personnages sont une poignée d'habitants que le cinéaste observe avec l'acuité d'un sociologue, en particulier pour ce qui touche à la transformation de la société, à son occidentalisation plus précisément, pour ne pas dire son américanisation.
Ozu distingue la jeunesse de l'ancienne génération, celle-ci se résumant, dans la relation de voisinage que le réalisateur met en scène avec une ironie bon enfant, aux cancans de vieilles commères en kimono. La jeunesse et la modernité sont symbolisée par la possession d'un téléviseur (et déjà la télé est considérée par certains comme un "abêtissement collectif"). Elle est une intrigue dans le film, à travers la
grève de la faim et de la parole
de deux garnements exigeant de leurs parents l'achat d'une télévision.
Il va de soi qu'on retrouve dans "Bonjour" le formalisme bien identifiable de son auteur, ses plans fixes et géométriques, ses lignes de front rectilignes, enrichis par ses belles compositions en couleur. Cela n'est pas fait pour nous surprendre