Référence du film de gangster, ton radicalement nouveau pour l'époque (je croyais même que le film datais des années 70 !), "Bonnie and Clyde" partait sans vraiment de références. Il s'est fait tout seul, comme son couple vedette.
L'introduction du film a un charme... étonnamment naïf. La rencontre entre Bonnie et Clyde se fait dans une simplicité qui n'est pas désagréable. La facilité de la formation de la bande aussi. Après tout, pourquoi perdre son temps ? N'empêche que j'ai toujours pas bien compris pourquoi ils ont engagés si rapidement le garagiste, sans le connaître vraiment... Quand aux débuts de l'histoire d'amour, si Bonnie se jette sur lui au bout de 10 minutes de film, Clyde réagit avec refoulement: c'est une piste intéressante. Tout le long du film, leur histoire atypique le conduira à apprendre à aimer. Parce qu'il est évident que Clyde aime Bonnie comme il a jamais aimé personne. Le film bascule lorsque le frère de Clyde le rejoint, avec sa bourgeoise de femme. Non seulement le couple n'est pas crédible du tout, mais en plus j'ai vraiment du mal à sacquer cette dame, qui pour le coup est un peu trop tête-à-claques. Mais le personnage du frangin est très charismatique ! On les suit vivre leur cavale, leurs petits méfaits, et on ne s'ennuie pas une seconde. Le rythme est haletant, la mise en scène classe, l'ambiance d'une jeunesse immortelle. On pardonne même les aléas techniques... Lorsque Bonnie retrouve sa mère, excusez-moi, mais il y a eu un problème au montage, les plans se superposent sans avoir de liens, les dialogues se contrastent, et on n'arrive même pas à distinguer la mama ! La troisième partie, c'est-à-dire la chute, est la partie la plus réussie. Celle où ils deviennent officiellement des légendes, celle où ils vivent enfin leur amour librement, mais aussi celle où les mensonges médiatiques et policiers sont dénoncés, celle où la trahison joue un rôle dominant ! Le père du garagiste, qui joue d'abord le type accueillant, se révèle beaucoup plus méchant que la première impression que nous laissait Penn. Une façon de dire que, lorsqu'on est hors-la-loi, on a droit à la totale liberté, et par conséquence on ne peut plus faire confiance à personne. Le final, qui n'a rien perdue de sa puissance gore, est décoiffant. Un très sobre "The End", comme si c'était leur épitaphe. Il nous reste une conviction: avoir assisté à un grand voyage.