Souvent considéré comme l'un, si ce n'est le meilleur épisode de la saga, j'avoue pourtant que revoir « Bons baisers de Russie » aujourd'hui a de quoi faire relativiser. Alors OK : il faut remettre le film dans le contexte de la Guerre froide, expliquant aisément les machiavéliques méchants russes et où le machisme régnait encore en maître sur les mœurs. Le savoir-faire de Terence Young est également évident : le résultat est souvent efficace, notamment à travers quelques scènes d'action forts bien menées, dont le point d'orgue est clairement cet affrontement nocturne en train, où Sean Connery trouve manifestement un adversaire de taille en la personne de Robert Shaw, antagoniste imposant et clairement à la hauteur du plus célèbre agent secret du monde.
Le reste est nettement moins convaincant, que ce soit l'écriture désolante du personnage féminin, réduit à une beauté totalement dénuée de cervelle, probablement ce qui a été proposé de pire dans l'univers imaginé par Ian Fleming. Cela se regarde sans déplaisir mais sans passion non plus : quelques scènes font leur effet, faisant ressortir quelques « gueules » savoureuses, sans qu'on s'implique outre-mesure dans cette intrigue moyenne, tout à la gloire du mâle alpha régnant en maître sur (presque) toutes les femmes, heureusement interprété par le grand Sean, donc, qui ferait presque passer pour de la classe cette beaufitude quasi-revendiquée. Une autre époque, mais pour le coup, pas forcément pour le meilleur. Plutôt décevant.