Un homme dans un monde d'hommes.
Un véritable film d’espionnage à l’ancienne, subtil et bien mené, dans lequel James Bond ne démasque son véritable ennemi qu'au dernier quart-d'heure. L’intrigue colle à la réalité du moment et se concentre presque exclusivement sur Istanbul, un condominium de l’Est et de l’Ouest, à la frontière des blocs. On apprécie la vraie continuité dans la série : les manœuvres du Spectre visent avant tout à venger la mort du Dr. No, tué dans l’opus précédent.
C’est un James Bond de la vieille école : des gadgets minimaux, des scènes d’action au compte-goutte, et une immersion prolongée dans Istanbul, ses ruelles, son réseau de consulats, et l’inimitable Kerim Bey. On apprécie un James Bond qui mérite vraiment son titre d’agent secret : implacable, méthodique, et résolu à éliminer ses ennemis de sang-froid, comme le montre la longue séquence qui mène à la mort de Grant.
Le vrai bémol reste la misogynie effroyable, qui pique les yeux quand on revoit le film aujourd’hui : depuis Karim Bey sauvé d’un attentat par l’appétit sexuel de sa moitié, jusqu’à Tatiana Romanova qui va évidemment trahir sa mère-patrie (... qu’elle croit) pour les beaux yeux de James. Cependant tout n’est pas à jeter, Lotte Lenya est époustouflante en N°3 : massive, virile, hommasse, et visiblement lesbienne. Un personnage complètement hors normes, inhabituel dans le paysage des James Bond, et bienvenu dans ce deuxième opus franchement sexiste.
Pas le plus mémorable des James Bond ; mais lorsque Roger Moore débarquera avec ses gadgets étincelants, ses punchlines désespérantes, et ses enquêtes flegmatiques ... on regrettera From Russia with Love.
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