Quel pari osé que ce Border du cinéaste danois Ali Abbasi ! Mettre en scène une "femme-bête", à l'apparence néandertalienne, qui un jour rencontre l'amour chez un autre homme de son espèce, c'était prendre le risque de faire un film de mauvais goût sur le thème rebattu de la différence.
Et pourtant, dès les premières scènes, nous sommes plongés dans l'atmosphère mystérieuse et mystifiante de ce film, où notre protagoniste, Tina, est en communion avec la nature mais pas avec le monde des hommes, dont elle sent les péchés. Son flair lui permet de repérer instinctivement la noirceur dans chaque être humain. Agent douanière, elle découvre ainsi qu'un homme propre sur lui est en réalité un trafiquant d'images pédophiles. Ou comment remettre en perspective la relation entre la moralité et le beau.
L'arrivée de Vore, autre "homme bête" va bien entendu bouleverser la vie de cette femme et remettre en question son identité et ses origines, la poussant à embrasser pleinement sa nature et ses instincts. Les scènes où nos deux personnages laissent libre cours à leur nature profonde dans cette forêt pleine de mélancolie sont étrangement très belles.
La fin du film vire malheureusement dans le sordide inutile et laisse un goût amer. Mais Border reste une expérience de cinéma étonnante qu'il serait dommage de ne pas tenter.