C'est un match de légende qu'il faut avoir plus de 40 ans pour avoir vécu devant sa télévision. Un extraordinaire face à face entre le feu, incarné par le jeune et rebelle John McEnroe, et la glace, l'idole suédoise aux allures de playboy monégasque, Björn Borg. A l'époque, c'est le match de tennis lui-même,disputé en son temple, Wimbledon, qui fit l'événement, digne du plus grand des thrillers avec ses multiples rebondissements et notamment un tie-break d'anthologie au quatrième set. Le film de Janus Metz n'est évidemment pas le simple récit de la rencontre, même si sa dernière partie lui est dévolue, remarquablement faite d'ailleurs, au point de se prendre au jeu et d'oublier que l'on connait le résultat. Non, Borg/McEnroe va bien au-delà, se penchant sur la personnalité hors norme de ces deux champions, en mettant à mal au passage les clichés du feu et de la glace. C'est principalement vrai pour Borg, lequel est de loin le plus et le mieux traité par la narration. Où l'on découvre l'enfance et l'adolescence d'un joueur tout aussi enragé que son futur adversaire et tout aussi difficile à gérer, avant d'être "domestiqué" par son coach. Il est normal que le grand blond soit au centre du film, non seulement parce que le film est suédois mais aussi parce que psychologiquement il y a beaucoup plus à dire de lui, être complexe et qui a été façonné pendant des années. Cela tombe extrêmement bien : des deux acteurs qui incarnent ces gladiateurs sur herbe, c'est Sverrir Gudnason qui impressionne le plus et pas seulement pour son quasi mimétisme avec Iceborg. Il est exceptionnel de bout en bout, maîtrisant à la perfection l'art de jouer une cocotte-minute prête à tout moment à exploser, déguisé en glacière scandinave.