Le / du titre est une jolie trouvaille puisqu'il illustre habilement un film construit en miroir, rendant compte de la rivalité (toute relative) qui opposa deux champions de tennis aux antipodes. Le film excelle d'ailleurs dans le portrait croisé de ses personnages contraires.
Contraires dans leur attitude, l'un, Borg, étant d'une stoïcité virant parfois à la psychiatrie (tocs, rituels absurdes), l'autre, McEnroe, étant une jeune grande gueule provocatrice, aux coups de sang légendaires, et à l'hygiène de vie loin de celle qu'on s'imagine pour un champion.
Contraires dans leur technique de jeu, l'un frappant comme une masse depuis le fond de court, l'autre montant furtivement au filet.
Contraires dans leur enfance, l'un étant un petit garçon blessé qui exprimera sa rage par l'agressivité, avant de promettre de devenir le monstre mutique qu'il fut, l'autre étant, à l'inverse de l'adulte, un enfant brillant, montré en bête de science par ses parents, poussé, peut-être contre son gré, au succès.
Contraires finalement dans le match qui les opposa en finale de Wimbledon 1982 ; McEnroe se calme et joue le jeu en enfouissant sa rage, Borg abandonne ses tirs d'obus pour venir lui aussi s'approcher du filet.
Mais à travers ce portrait réussi, le film parle finalement peu de tennis pour parler un peu trop de pas grand chose. Sans aucune patte artistique, reprenant les codes du biopic et du film de sport efficace à l'américaine, Janus Metz s'emmêle et nous ennuie dans des allers-retours entre présent et enfances croisées, et noie le vide de son propos dans une esthétique léchée mais prétentieuse (flous, reflets, ralentis, ...). La première heure n'est donc qu'une tentative étrange de combler le vide, ne montrant jamais vraiment le sport en question.
Il faut donc attendre le cœur de son sujet, le match, ce match légendaire, harassant pour le public comme pour les joueurs, ce duel interminable qui se joua à très peu de choses, pour que le film livre une petite demie-heure de tension et de beauté du sport véritablement prenante.
On y découvre alors que John McEnroe, joliment interprété par Shia Labeouf, est éminemment sympathique, et un personnage de cinéma bien plus intéressant et attachant que le Bjorn Borg impassible sur lequel se concentre nettement plus ce film sans génie, qui se rattrape heureusement lorsqu'il s'attaque enfin à son sujet et montre ce beau sport esthétiquement très cinématographique.