Prix du Jury au dernier Festival Reims Polar, le dernier long métrage de Stéphane Demoustier oscille avec brio entre film social et polar noir, à travers le récit de la lente descente aux enfers d'une gardienne de prison, notamment grâce à une belle finesse d'écriture.
Et puis Hafsia Herzi.
Troublante d'ambivalence et de mystère, l'actrice livre une performance immense, une nouvelle fois.
C'est sur elle que repose notamment toute la première moitié du film, un peu ronronnante parfois, il faut l'avouer. L'on se plait alors à décortiquer chaque aspect de son jeu, ses intonations, ses silences, ses regards. Entre accès d'empathie et d'autorité, fragilité morale et force de caractère, elle apporte une incroyable complexité à son personnage.
Puis la mécanique implacable du scénario fait le reste et le film devient haletant, dans une deuxième moitié passionnante, qui, plus encore que se focaliser sur les mécanismes de l'engrenage infernal du grand banditisme, dans lequel l'héroïne se retrouve prise au piège, préfère faire de son sujet principal le combat intérieur de cette gardienne de prison, écartelée entre trahison et loyauté, mensonge et fidélité. Certains s'étonneront de ses choix qui peuvent parfois paraître irréfléchis, d'autres diront qu'ils participent à la construction de ce personnage, tout à fait insaisissable et aux zones d'ombre impénétrables.
Grâce à une construction du récit intelligente, avec deux temporalités enchâssées qui se rejoignent à mesure que le film avance, une tension monte crescendo, pour finir par s'installer et ne plus quitter le spectateur, jusqu'à un final très réussi.
Après deux premiers films, dont La Fille au bracelet, déjà très prometteurs, Stéphane Demoustier, malgré une représentation de la Corse peut-être quelque peu stéréotypée, signe là sa meilleure oeuvre.
Ma page ciné instagram : fenetre_sur_salle