Après La fille au bracelet où Stéphane Demoustier a fait partie de cette vague de très bons films de procès français qu'on a eu ces dernières années, il s'attaque au milieu carcéral en Corse avec un film porté par la très talentueuse Hafsia Herzi.
Du côté de la narration, le réalisateur s'amuse à mettre deux histoires en parallèle qui vont évidemment finir par se croiser : une enquête policière et le quotidien d'une surveillante pénitentiaire.
Ce qui est assez bien fait c'est que l'enquête patine un peu car on est sur un double-homicide dont les seules traces des faits qui précède ce crime sont des vidéos de qualité assez médiocre (ce qui est encore plus frappant sur un écran de cinéma) mais ça montre que la police fait un peu avec les moyens du bord. En parallèle, on a la vie de Melissa, au boulot où chez elle. Ils ne se sentent pas très bien en Corse avec son mari et elle doit s'habituer à une prison où les détenus ont un certain sens de la hiérarchie et s'auto-gèrent, ce qui est assez étonnant car ce n'est pas l'idée qu'on se fait d'une prison. On comprend donc qu'un attachement va naître entre elle et les prisonniers et que ça va avoir des conséquences assez graves.
J'ai trouvé ça très malin de rendre humain tous ces gens et cette relation parce qu'une fois que le personnage joué par Herzi bascule, ça s'annonce compliqué pour un retour en arrière. Mais c'est traité avec intelligence et on est captivé par le film qui est très bien photographié et qui se permet des mouvements de caméra très travaillés. C'est assez ludique de voir la caméra passer sous une rubalise lorsqu'on découvre la scène de l'assassinat au début du film ou encore de voir des personnages en moto rejoindre un plan où on vient de voir une voiture s'arrêter à une station essence.
Ça m'a fait plaisir de voir un film qui se passe en Corse car je n'en ai pas l'habitude, sans pour autant romantiser les lieux en faisant des plans de paysage contemplatifs proches de la carte postale ou que sais-je. On est finalement plongé dans le quotidien à Ajaccio mais c'est surtout la chaleur des lieux qu'on retient et pas les paysages en eux-mêmes.