Excellent film – de ceux qui savent dire quelque chose en évitant tous les pièges attendus. Notamment celui du jugement et de l’explication, que le film suspend en faisant voir ce qui fait la complexité des personnages, malfrats mais attachants pour les uns, attachants mais se révélant finalement bien retors pour les autres ! Mélissa, personnage jouée par Hafsia Herzi, se révèle une matonne plus matoise qu’il n’y paraissait au début et la scène finale permet de relire tout son parcours, la révélant aussi manipulatrice que manipulée, comme précisément les clichés dans la tête des spectateurs (la mienne notamment) engageaient à le penser. Cette dualité des personnages trouve sa traduction formelle dans la double chronologie – les images des vidéos visionnées après coup pour l’enquête et les images de la vie (privée et professionnelle) de la matonne – qui s’unifie dans le moment de l’interrogatoire, où Mélissa fait montre à la fois de duplicité et de maitrise.